Le marché des capitaux marocain a connu une année 2022 agitée, qui a donné du fil à retordre aux investisseurs. Voici 4 faits marquants de l’année écoulée.
1. Guerre en Ukraine
C'est sans doute le développement le plus dramatique et le plus important de l’année 2022. À peine sorti du choc sanitaire et confronté à une sécheresse inédite, le Maroc a fortement été impacté par la guerre, avec une croissance au ralenti et une inflation exceptionnellement élevée.
Face à la crise, plusieurs aides ont été débloquées par le gouvernement notamment au profit du secteur agricole, touristique et des transporteurs routiers. Le gouvernement a aussi doublé le budget consacré aux subventions pour le gaz butane alors que les prix ont flambé. Conséquence de la guerre : après le rebond de 7,9% enregistré en 2021, la croissance économique marquerait, selon les projections actualisées de Bank Al-Maghrib, un net ralentissement cette année à 1,1%, résultat d’un recul de 15% de la valeur ajoutée agricole et d’une décélération à 3,4% du rythme des activités non agricoles. L’invasion de l’Ukraine par la Russie a fait également dégringoler, sans surprise, le marché boursier qui a perdu près de 20% en 2021.
2. Flambée inflationniste
L'inflation n'a cessé de surprendre en 2022, atteignant des sommets inégalés depuis plusieurs décennies dans le monde entier. Au Maroc, l’inflation a atteint un pic à 8,3% en novembre dernier. Il faut dire que le conflit russo-ukrainien a démultiplié la dynamique inflationniste déjà enclenchée en 2021 suite à la crise sanitaire. Les prix de l'énergie et des produits de base ont déjà augmenté de 20% à 30%.
Selon BAM, l’inflation va devoir continuer à enregistrer des taux élevés pour une période bien plus longue que prévu en septembre, impactée notamment par les pressions externes qui se diffusent aux biens et services non échangeables et par la mise en œuvre de la réforme du système de compensation à partir de 2024.
3. Nouveau paradigme des politiques monétaires
Le 16 mars, la FED a décidé de remonter ses taux pour la première fois depuis 2018 pour contrer l’envolée des prix, dictant par la même occasion la fin de l’ère de l’argent facile. Quelques mois plus tard, la BCE et d’autres Banques centrales ont emboîté le pas de la Federal Reserve en relevant leurs taux à plusieurs reprises.
En septembre dernier, c’est au tour de Bank Al-Maghrib de relever son taux directeur de 50 pbs pour la première fois depuis 14 ans, démarrant ainsi un nouveau cycle de resserrement monétaire alors que l’inflation s’est enracinée dans le circuit économique. Certains observateurs s’attendent à ce que ce durcissement monétaire se poursuive en 2023 avec une hausse de 100 pbs du taux directeur au premier semestre.
4. Le Dollar reprend les règnes
Le dollar américain s'est fortement apprécié en 2022. Les attentes d'un resserrement monétaire plus rapide aux États-Unis ont contribué à la hausse du billet vert. Au Maroc, la paire USD/MAD a atteint 11,1 DH en septembre dernier, soit un plus haut niveau jamais observé depuis 2002. La hausse du billet vert a renchéri le coût des importations des produits de base pour le Maroc. Mais également le coût de remboursement de la dette extérieure qui tend à augmenter à mesure que le Dollar se renforce.
Toutefois, cette hausse a été profitable pour certains secteurs exportateurs qui ont profité d’un effet de change positif, à l’image des mines ou des phosphates.
Notons que depuis quelques semaines, le recul de l’inflation aux États-Unis a poussé le billet vert vers une dynamique baissière.