Consolidation de l’équilibre financier, reconfiguration des réserves foncières, reprofilage de la dette, cessions d’actifs…, les opérateurs immobiliers veulent désormais tourner la page de la crise. Explications.
Malgré les nombreux déséquilibres auxquels ils font face, les acteurs de l'immobilier coté tentent de rétablir leur situation financière et de sortir la tête de l’eau après plusieurs années sombres. Dans un contexte marqué par les tensions inflationnistes, une demande léthargique et le retard d’application de la nouvelle réglementation relative à l’immobilier social, les promoteurs ajustent leurs stratégies et définissent de nouveaux plans de développement axés sur de nouvelles priorités. Leur détermination se traduit par des résultats positifs au cours de l'exercice écoulé et au 1er trimestre, renforcés par plusieurs initiatives de restructuration.
D’ailleurs, que ce soit par appétit spéculatif ou par conviction, les dossiers du secteur immobilier sont recherchés sur le marché boursier depuis le début d’année. L'indice sectoriel affiche une performance d'environ 50% en YTD, se hissant en tête des variations des 23 secteurs listés à la Bourse.
Addoha : Le balancier se déplace
Chez Addoha, la réserve foncière du groupe au Maroc, initialement dédiée au logement social, fait l’objet d’une reconfiguration. L'objectif du groupe dirigé par Anas Sefrioui est de dynamiser les ventes et relancer la production, compte tenu de la fin des conventions avec l’Etat, étant donné que le dispositif de conventionnement lancé par le Royaume en 2010 a pris fin en 2020. Aujourd’hui, de nouvelles aides au logement sont prévues dans le cadre de la prochaine Loi de Finances, à en croire les responsables politiques. En termes de perspectives, Addoha annonce que plusieurs tranches de haut standing et de moyen standing sont en cours de livraison, ce qui impactera favorablement le chiffre d’affaires et la marge en 2023. Au premier trimestre, le chiffre d’affaires ressort en hausse de 12% à 572 MDH, avec un rythme de production soutenu.
Résidences Dar Saada : Un vent de changement souffle
Lancé en 2017, un fonds de titrisation de Résidences Dar Saada (RDS) est arrivé à échéance en novembre dernier, sans que le groupe ne puisse rembourser les investisseurs et le liquider. Pour honorer ses engagements, le groupe immobilier creuse désormais officiellement la piste d'une cession d'actifs. «Nous sommes sur une opération de cession des parts sociales de la société RDS V pour un montant de 200 MDH, dont 100 MDH déjà versés entre les mains du notaire chargé du déroulement et la finalisation de l’opération. Bien entendu, le prix de cession de la filiale (RDS V), convenu avec l’acquéreur de 200 MDH, devrait servir partiellement au remboursement des différents coupons, intérêts de retard, etc.», explique le management dans son rapport financier 2022. En plus de cette cession, RDS envisage de recourir à un autre «financement» qui sera destiné (conjointement avec le prix de cession de RDS V) au rachat intégral des actifs immobiliers restants entre les mains du FT Olympe, et qui sera garanti entre autres par des sûretés réelles (hypothèques RDS). Le montant global nécessaire pour la récupération de l’intégralité des obligations du fonds et clore le dossier est de près de 497 MDH. Au premier trimestre, le promoteur a amélioré ses revenus de 12 à 51 MDH, tout en maintenant ses niveaux de prévente autour des 503 biens.
Alliances : Un point de rupture avec le passé
Le groupe Alliances ne fait pas moins. Engagé dans un ambitieux plan stratégique s'étendant jusqu'en 2025, Alliances semble avoir trouvé la parade face à la morosité qui enveloppe le secteur. Le groupe a mis en place sa stratégie 2022-2025, pour pérenniser sa croissance et s’assurer d’honorer dans les délais les engagements pris auprès du marché. «Nous avons un business model avec des programmes de développement qui nous assureront une croissance continue. Ces opérations généreront des liquidités suffisantes pour respecter nos engagements et financer de nouveaux projets. Nous pouvons annoncer qu’à ce jour, nous sommes parfaitement alignés sur nos prévisions, l’objectif étant de faire prospérer l’activité tout en réduisant notre endettement», nous expliquait récemment Omar Lazraq, Directeur général délégué du groupe, pour qui le pilotage de la trésorerie sur l’exercice 2023 garantit leur capacité à honorer le paiement de la dette privée reprofilée qui arrive à échéance à partir de 2024. A court terme, et pour cette année 2023, le groupe compte générer le principal de sa croissance dans ses projets majeurs au Maroc et en Afrique. Dans le Royaume, ce sont essentiellement des projets bien placés et bien étudiés pour répondre à la demande, tels qu’à Béni Mellal, Kénitra et Marrakech, qui constituent le moteur de l’activité. Au premier trimestre, le CA consolidé progresse de 11% à 523 MDH, avec des préventes en croissance de 35%.
Y.S