La note souveraine du Maroc ( stable à BBB-) repose sur la stabilité macroéconomique, des réserves de change confortables et une faible part de la dette en devises dans le secteur public. Cependant, ces facteurs sont neutralisés par un développement faible, une dette publique élevée et des déficits du compte courant plus élevés que ceux de la catégorie BBB. Dans son rapport, Fitch prévoit que la croissance annuelle du PIB sera en moyenne de 3,2% durant la période 2018-2020.
Dans ce rapport, publié le 8 mars, l'agence estime que les banques marocaines sont solides en termes de rentabilité, de financement et de liquidité. Cependant, leurs actifs sont de faible qualité et leurs fonds propres sont insuffisants, selon le rapport. Les principales banques ont enregistré un rendement opérationnel annualisé moyen de 2% sur les actifs pondérés en fonction des risques au premier semestre de 2018, grâce à une marge moyenne de 3,6% et à un coefficient d'exploitation de 53%. Les dépôts stables sont la principale source de financement des banques.
Risque de crédit élevé
Les banques marocaines souffrent toujours de la faible qualité de leurs actifs et de fonds propres insuffisants, selon ce rapport. Un commentaire que l'agence a utilisé pour la première fois en 2017. Au cours des cinq dernières années, les sept plus grandes banques marocaines ont annoncé un ratio moyen des prêts douteux d’un peu moins de 10%. Le ratio était de 9,8% à la fin du premier semestre de 2018. Par rapport aux marchés développés, ce ration est jugé élevé. Fitch estime en outre qu'avec une meilleure information, «les taux de dépréciation réels… seront probablement plus élevés, entre 15% et 18%», sous-entendu que le secteur bancaire minore ses créances en souffrance.
BAM pas d'accord
Ce n’est pas la première fois que l’agence londonienne pointe du doigt le fait que les créances en souffrance des banques marocaines soient sous-estimées. En juillet 2017, dans une note sur le secteur bancaire, Fitch estimait que les «emprunts douteux représenteraient 12 à 14% (au lieu de 8% ndlr) des prêts si nous devions inclure les déficiences sous-déclarées ainsi que des listes de surveillance, ou des prêts restructurés et saisis».
Ce pavé dans la mare n’avait pas manqué de faire réagir la Banque Centrale. «En tant que Bank Al-Maghrib, nous ne partageons pas les conclusions de Fitch», avait déclaré Hiba Zahoui, Directrice de la supervision bancaire au sein de Bank Al-Maghrib.
La responsable de la DSB a argumenté son propos en expliquant que pour évaluer de manière précise les créances en souffrance du secteur bancaire, il faut avoir la possibilité d'examiner dans le détail les portefeuilles des banques ainsi que les dossiers litigieux, ce que l'agence Fitch ne peut faire. Il y certes des demandes de la Banque centrale de déclasser certaines créances. Les contrôles sur place au sein des établissements bancaires sont très détaillés et approfondis, et il existe un dialogue entre la banque centrale et les banques et des négociations concernant la classification de certaines créances qui peuvent être sujettes à interprétation, a-t-elle expliqué. Mais ces déclassements demeurent marginaux et ne remettent pas en cause les chiffres selon BAM. Pour Zahoui, les commissaires aux comptes sont également impliqués dans la détermination des créances en souffrance et ils font leur travail.
Cela n’empêche pas la Banque centrale de reconnaitre, à demi-mot, que les normes de classification actuelles des créances sont devenues insuffisantes puisqu'elles «ne captent pas l'ensemble tous les indices de dépréciation». Une réforme de la ciruclaire 19 G est donc en cours avec un durcissement de la réglementation.