Lors d’une rencontre récente avec les représentants du secteur privé, organisée par CGEM, Faouzi Lekjaa, ministre du Budget, a abordé l’un des freins majeurs à l’introduction en Bourse (IPO) des entreprises marocaines.
Contrairement à une idée reçue, il estime que la fiscalité n’est pas l’unique facteur dissuadant les sociétés de franchir le pas de la cotation. «La taille de notre marché boursier ne reflète pas la réalité économique du pays. Malgré les incitations et allègements fiscaux, peu d’entreprises s’introduisent en Bourse. Cela montre bien que le frein principal est d’abord culturel et organisationnel, plutôt que fiscal», a-t-il expliqué.
Interrogé sur la possibilité de recourir à une amnistie pour encourager les IPO, Faouzi Lakjaa écarte pour l’heure cette piste. Il rappelle que plusieurs incitations existent déjà, sans avoir déclenché pour autant une vague d’introductions. Pour lui, c’est la transparence – avec ses contraintes en matière de gouvernance et de reporting – qui rebute souvent les dirigeants.
«Ouvrir son capital requiert un alignement sur des standards de marché, un contrôle plus strict et la diffusion d’informations financières régulières. La solution ne peut se limiter à supprimer d’éventuelles ardoises fiscales », souligne le ministre.
Le ministre du Budget rappelle que des dispositions fiscales spécifiques avaient été instaurées ces dernières années afin de stimuler la cotation de nouvelles entreprises. Or, ces mesures se sont soldées par un engouement limité.
« Si la question se réduisait aux seuls avantages fiscaux, nous aurions assisté à une forte dynamique de la Bourse. Or, nous constatons qu’il y a d’autres freins : coûts d’introduction, réticences à la gouvernance collective, obligations de transparence…», ajoute-t-il.
Malgré tout, Faouzi Lakjaa défend la nécessité de développer la Bourse de Casablanca, affirmant qu’elle constitue un levier de financement et de croissance pour l’économie nationale. Le gouvernement se déclare ouvert aux propositions qui permettraient d’enrichir ou de réviser les mécanismes incitatifs existants, à condition qu’ils s’inscrivent dans une démarche cohérente et pérenne.
« Nous sommes prêts à revoir certaines modalités pour rendre le marché plus attractif, mais l’objectif reste d’encourager une vraie culture de la transparence et de la gouvernance. Seul un écosystème solide permettra de consolider la place de notre Bourse », conclut le ministre du Budget.
En définitive, Faouzi Lakjaa maintient qu’une simple amnistie fiscale n’apporterait pas la réponse attendue. Le renforcement du marché boursier passe avant tout par une réforme de la gouvernance et une évolution des mentalités au sein des entreprises marocaines. L’État, pour sa part, se dit prêt à accompagner le secteur privé, sous réserve d’une réelle volonté d’ouverture et de mise en conformité aux standards boursiers internationaux.