Mardi 24 Septembre 2024

Politique monétaire: Voici les nouvelles prévisions macroéconomiques de BAM pour 2024-2025

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Le Conseil de BAM a jugé approprié de maintenir l’orientation actuelle de la politique monétaire. Il a ainsi décidé de garder le taux directeur inchangé à 2,75%, tout en continuant de suivre de près l’évolution de la conjoncture économique et sociale.

Prévisions macroéconomiques 2024/2025:

Au niveau national, après une accélération à 3,4% en 2023, la croissance économique devrait, selon les projections de Bank Al-Maghrib, ralentir à 2,8% cette année, avant de rebondir à 4,4% en 2025. Cette prévision recouvre une contraction de 6,9% de la valeur ajoutée agricole en 2024, puis une progression de 8,6% en 2025, sous l’hypothèse d’une production céréalière moyenne de 55 millions de quintaux. Tirée principalement par les industries manufacturières et extractives ainsi que par les activités liées au tourisme, la croissance non agricole devrait continuer à s’améliorer, passant de 3,6% en 2023 à 3,9% en 2024 et en 2025.

Sur le volet des finances publiques, l’exécution budgétaire au titre des huit premiers mois de 2024 fait ressortir une amélioration de 11,2% des recettes ordinaires, portée notamment par la performance notable des rentrées fiscales. En parallèle, les dépenses globales se sont alourdies de 8,9% reflétant en particulier la progression des dépenses en biens et services et celles d’investissement. Tenant compte de ces réalisations, de l’évolution prévue de l’activité économique et des orientations annoncées du projet de Loi de Finances 2025, le déficit budgétaire devrait, selon les projections de Bank Al-Maghrib, se stabiliser autour de 4,4% du PIB en 2024 avant de revenir à 3,9% du PIB en 2025.

 


Décision: Le Conseil de Bank Al-Maghrib a tenu le mardi réunion juin sa troisième réunion trimestrielle de l’année 2024.

Lors de cette session, il a analysé l’évolution de la conjoncture économique nationale et internationale, ainsi que les projections macroéconomiques à moyen terme de Bank Al-Maghrib.

Sur le plan international, le Conseil a noté que l’activité économique a été relativement résiliente, mais devrait connaître une décélération sur l’horizon de prévision dans de nombreux pays avancés et émergents, pâtissant notamment des conditions monétaires restrictives. Quant à l’inflation, elle poursuit sa tendance baissière, avec toutefois une persistance de la hausse des prix des services dans les principales économies avancées.

 Au niveau national, alors que la production agricole reste dans une large mesure tributaire des conditions climatiques, les données infra-annuelles disponibles indiquent globalement une poursuite de la reprise des activités non agricoles, tendance qui devrait être soutenue à moyen terme par l’élan attendu de l’investissement public et privé.

En parallèle, l’inflation évolue à des niveaux modérés depuis le début de l’année, reflétant essentiellement la baisse des prix des produits alimentaires à prix volatils et le ralentissement de sa composante sous-jacente. Cette dernière, après s’être établie à 5,6% en 2023, oscille autour de 2% et resterait, selon les projections de Bank Al-Maghrib, proche de ce taux au cours des huit prochains trimestres. Tenant compte notamment des changements annoncés concernant les subventions des prix des produits de base, et sous l’hypothèse d’une variation limitée à moyen terme des prix des produits alimentaires à prix volatils, l’inflation globale devrait décélérer de 6,1% en 2023 à 1,3% cette année avant de s’accélérer à 2,5% en 2025.

 Le Conseil a aussi noté le renforcement de l’ancrage des anticipations d’inflation telles qu’elles ressortent de l’enquête trimestrielle de Bank Al-Maghrib auprès des experts du secteur financier. Celles-ci sont revenues au troisième trimestre à 2,2% pour l’horizon de 8 trimestres et à 2,3% pour celui de 12 trimestres.

 Cela étant, le Conseil a relevé que les perspectives économiques et sociales à l’horizon des projections macroéconomiques de la Banque restent entourées d’un niveau élevé d’incertitudes. Celles-ci sont liées au niveau international à l’enlisement de la guerre en Ukraine, à l’escalade du conflit au Moyen-Orient et aux tensions géopolitiques qui accentuent la fragmentation économique non sans impact sur le rythme de l’activité et sur l’évolution des prix, notamment énergétiques. Au niveau national, la récurrence des sécheresses et le stress hydrique constituent un risque majeur pour la production agricole et la croissance économique plus globalement. De même, la déclinaison des orientations du projet de Loi de Finances 2025 ainsi que la poursuite des négociations dans le cadre 2 du dialogue social pourraient se traduire par des impacts plus importants que prévu sur l’évolution de la demande et des prix.

 Tenant compte de l’ensemble de ces données, le Conseil a jugé approprié de maintenir l’orientation actuelle de la politique monétaire. Il a ainsi décidé de garder le taux directeur inchangé à 2,75%, tout en continuant de suivre de près l’évolution de la conjoncture économique et sociale. 


Contexte: Ce conseil se tient dans un climat social tendu, marqué par un taux de chômage élevé et une croissance limitée par les faibles précipitations. Ces éléments, combinés à un budget d’investissement important prévu par le gouvernement et une inflation légèrement en dessous de la cible, font anticiper au marché une baisse de 25 points de base. C’est le consensus auquel il faudra comparer la décision finale.


Sur le marché obligataire, ces anticipations sont bien visibles avec des taux longs qui ont accéléré à la baisse ces dernières semaines, les investisseurs étant plus enclins à proposer des liquidités moins chères au Trésor public. Sur le marché boursier, les dernières séances ont connu une accélération avec un indice qui inscrit un nouveau sommet de 2 ans, porté par ces anticipations ainsi que les résultats des entreprises pour le premier semestre. 


Le statu quo reste une option crédible 

Bien que les anticipations penchent en faveur d’un scénario d’assouplissement, une frange non négligeable d’opérateurs et d’analystes financiers estime qu’un statu quo est tout à fait possible sans pour autant entraver les effets de la baisse du taux directeur en juin sur l’économie et les marchés. Cette deuxième option permettrait au Conseil de garder des marges de manœuvre pour agir en décembre avec une plus grande visibilité. Ce ne serait donc qu’un scénario de "partie remise".

Les opérateurs prévoient que toute autre décision, en dehors d’une baisse d’un quart de point ou du statu quo, serait considérée comme une surprise et pourrait provoquer des réactions importantes sur les marchés. Il s’agit notamment du scénario d’une baisse de 50 points de base, aujourd'hui écarté par la majorité des opérateurs. 

Pour rappel, le Wali de Bank Al-Maghrib ne donne pas de guidance sur les intentions de la banque centrale pour les prochains Conseils, ce qui rend difficile le jeu des pronostics. Cependant, les éléments de langage utilisés en conférence de presse et le ton du communiqué post-Conseil peuvent être exploités par les opérateurs pour anticiper les prochaines actions de la banque centrale avec plus ou moins de réussite. 


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BAM

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