La hausse de l’IS pour les entreprises disposant d’un résultat supérieur à 100 MDH, prévue dans la Loi de Finances 2023, devrait concerner théoriquement près d’un tiers des entreprises non financières. Banques et assurances devront également trinquer pendant les 4 prochaines années.
Alors que les investisseurs s'apprêtent à tourner la page d'une année 2022 des plus difficiles - la Bourse de Casablanca ayant abandonné 18% en 12 mois - 2023 apporte son lot d'incertitudes et, parmi elles, le poids de la pression fiscale sur la rentabilité financière des entreprises et leurs marges nettes, déjà attendues en détérioration à cause de l'inflation.
Une fiscalité désavantageuse en 2023
A partir de 2023, les grosses capitalisations cotées devraient pâtir d’une pression fiscale accentuée, à l’opposé des sociétés de tailles moyennes, pronostiquent les analystes de Valoris Securities dans un document de recherche où ils s'intéressent à l'impact de la Loi de Finances sur les sociétés cotées. «Compte tenu des différentes nouvelles dispositions en termes d’IS, les sociétés cotées devraient être significativement impactées par ces mesures en cas de leur approbation dans leur forme actuelle».
En effet, la nouvelle mesure de hausse de l’IS pour les entreprises disposant d’un résultat supérieur à 100MDH devrait concerner, théoriquement, près d’un tiers des entreprises non financières. Du côté des sociétés financières (banques, assurances et sociétés de financement), la prochaine hausse du taux d’IS à 40% dans 4 ans devrait se traduire par une aggravation de l’IS versé par le secteur financier d’au moins 750 MDH, entre 2023 et 2027, tenant compte aussi du prolongement de la cohésion sociale jusqu’en 2025.
A l’opposé, près de la moitié des sociétés cotées devraient bénéficier de la réduction du taux d’IS commun à 20% à horizon 2025. «Ces sociétés devraient bénéficier d’une forte réduction de la charge d’impôt qui leur permettrait de gagner en marge et en compétitivité», prévoit Valoris Securities. «A notre avis, certaines sociétés industrielles devraient bénéficier de cette nouvelle mesure, leur permettant d’un côté d’améliorer leur niveau de rentabilité tout en disposant, pour certaines, d’une marge de manœuvre supplémentaire pour doper leurs parts de marché aux dépens des produits importés, originaires d’autres pays de la Méditerranée», expliquent-ils.
D’après les calculs du courtier, en tablant sur une croissance moyenne du résultat avant impôt agrégé de 3,2% par an, entre 2022 et 2025, l’impact minimal sur la capacité bénéficiaire agrégée serait de 1,4 milliard de dirhams sur la période étudiée, dont plus que de 40% seraient supportés par le secteur financier (Banques & assurances), en plus du secteur des télécoms (25% de l’impact).
Des arbitrages potentiels en faveur des entreprises intermédiaires
«Nous anticipons ainsi un renforcement dans les années à venir des placements au sein des sociétés industrielles et de services de tailles modérées aux dépens des investissements dans le secteur bancaire et des assurances», prévoient les analystes.
Pour Valoris Securities, le renchérissement de la pression fiscale sur les grandes entreprises, dans une conjoncture économique délicate, devrait se traduire par des optimisations de coûts qui seraient automatiquement répliquées sur le carnet de commandes des PME. De plus, la suppression de certains avantages pourrait peser significativement sur les décisions d’investissements des IDE. Pour rappel, outre l'IS, la LF 2023 prévoit de réduire un bon nombre d’incitations fiscales, notamment pour les OPCI et les zones d’accélération industrielle...