Lundi 06 Mars 2017

Marché actions : Bulle ou pas bulle ?

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La vitesse à laquelle le marché actions marocain s'est apprécié durant les derniers mois de 2016 et le mois de janvier dernier justifie que l'on se pose la question. Car cette période a connu la progression la plus rapide des cours en 10 ans. Est-ce suffisant pour diagnostiquer une bulle susceptible d'éclater en plein vol ? 

 

Caratéristiques d'une bulle boursière.

 

 

La théorie fondamentale a souvent eu du mal avec le phénomène de bulle. Car pour modéliser, analystes, quant et autres économistes ont besoin d'hypothèses stationnaires et stables dans le temps. Certaines hypothèses, dites fortes, permettent de modéliser des comportements à long terme. Parmi ces hypothèses fortes, nous retrouvons en tête celle de la rationalité des agents économiques, qui écarte, théoriquement, toute formation de bulle. Mais les différents krach boursiers connus durant les 30 dernières années du siècle dernier ont poussé ces hypothèses de travail dans leurs plus profonds retranchements. Aujourd'hui, ces mêmes observateurs considèrent comme bulle tout éloignement significatif de la valeur intrinsèque. Les notions de "significatif" et "valeur intrinsèque" demeurent néanmoins subjectives. Chacun peut y aller de sa propre appréciation. En revanche, toutes les bulles ont un point en commun : Leurs allures graphiques. 

 

Bulle d'Internet de 2000, bulle des Tulipes (première bulle répertoriée de l'histoire) ou plus récemment la bulle du Dubai Index, après la mise en avant de ce pays sur la scène internationale, ont toutes ce caractère en commun : La formation de la bulle a toujours la forme d'un bâton de Hockey. 

 

 

 

 

 

Au Maroc, si durant la première moitié des années 2000 l'indice général avait tout d'une allure d'une bulle, ce qui se passe depuis 2016 n'est qu'un mouvement de court terme, peu visible sur une échelle légèrement longue de 10 ans. Si l'on considère les évènements très récents comme une bulle, théoriquement suivis d'un krach, le mouvement de baisse ne devrait être que minime. En 2008, le marché avait corrigé violemment, mais la baisse n'avait fait perdre à la capitalisation globale "que" 40% de sa valeur. Un comportement exactement à l'identique aujourd'hui emmènerait le marché vers les 11.500 tout au plus. Une baisse peu significative à échelle longue. 

 

 

 

Qu'est-ce qui peut provoquer une correction plus sévère ? 

 

Le marché actions a basé sa dernière hausse sur 3 éléments majeurs : La perspective de résultats et dividendes en hausse de la part des entreprises après un premier semestre 2016 supérieur aux attentes, les taux bas et l'arrivée massive de particuliers nouveaux ou anciens sur le marché après la médiatisation de la hausse. Des perturbations dans l'un ou plusieurs de ces phénomènes peuvent justifier une telle correction, sans compter d'éventuelles mauvaises annonces de la part de grands émetteurs pouvant déstabiliser le moral des troupes. Au passage, sur les 10 dernières années, le marché a toujours bien anticipé la moyenne des rendement, à l'acception de l'épisode Samir où il a été pris de court avec une perte abyssale qui a déstabilisé le moyenne des rendements. 

 

Car souvent, les erreurs sur la moyenne des rendements attendus est le phénomène qui altère le plus l'allocation d'actifs optimale sur un marché et à force de se concentrer sur les bords, les exceptions, on en oublie l'essentiel, la moyenne des rendements qui elle, semble s'orienter à la hausse depuis 2015. En effet, craindre la formation d'une bulle revient à craindre un retour à la moyenne, une sorte de norme, après s'en être trop éloigné, trop rapidement. Or, ce raisonnement implique que les moyennes sont immuables, ce qui n'est pas le cas. Les entreprises cotées à la Bourse de Casablanca ont en moyenne détruit de la valeur entre 2011 et 2015. Mais aujourd'hui, en termes de valorisation, la majorité des courtiers de la place estime que le P/E du marché serait légèrement inférieur à celui de 2015, entre 19 et 22, et ce malgré la hausse des cours des actions. En 2017, le P/E du marché devrait baisser encore plus. En raisonnant valorisations, et malgré la hausse des cours, le marché est relativement moins cher qu'en 2015, où il a passé la moitié de l'année sous les 9.600 points. 

 

 



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