Depuis ce mois de janvier 2025, le secteur bancaire marocain applique deux nouvelles normes bâloises : le ratio structurel de liquidité à long terme (NSFR) et le processus d’évaluation de l’adéquation de la liquidité (ILAAP). Ces nouvelles exigences, introduites par Bank Al-Maghrib, visent à consolider la solidité du secteur bancaire et à répondre aux impératifs des standards internationaux.
Les banques marocaines doivent désormais composer avec un cadre réglementaire plus musclé avec l’introduction de deux nouvelles exigences en matière de gestion des liquidités. La première de ces normes, le Net Stable Funding Ratio (NSFR) , ou ratio structurel de liquidité à long terme, impose aux banques de maintenir un niveau minimum de ressources financières stables pour couvrir leurs besoins de financement sur un horizon d'un an. En d'autres termes, il s'agit de s'assurer que les banques ne dépendent pas excessivement de financements à court terme pour soutenir des actifs à long terme, une pratique risquée connue sous le nom de transformation des échéances.
Concrètement, le NSFR, fixé à un minimum de 100% sur base sociale et consolidée, met en balance les capitaux propres et autres passifs pondérés en fonction de leur stabilité avec les actifs et expositions hors bilan pondérés en fonction de leur liquidité et de leur durée résiduelle. Cette approche pragmatique encourage les banques à privilégier les sources de financement stables et à adopter une gestion plus prudente de leurs actifs.
La seconde norme, l'Internal Liquidity Adequacy Assessment Process (ILAAP), ou processus d'évaluation de l'adéquation de la liquidité, place l'accent sur l'évaluation interne des risques de liquidité par les banques elles-mêmes. L'ILAAP exige des établissements qu'ils mettent en place des mécanismes robustes pour identifier, mesurer et gérer leurs risques de liquidité, en prévoyant notamment la constitution de coussins de liquidité de haute qualité, même en période de tensions prolongées.
Ce dispositif ne se limite pas à une simple évaluation. Il s'accompagne d'un renforcement des indicateurs de surveillance de la liquidité, avec un focus particulier sur :
-La liquidité intra-journalière : Une gestion fine des flux de trésorerie quotidiens pour honorer les obligations de paiement et de règlement, en situation normale comme en période de crise.
-Le LCR par devise : Un suivi précis du Liquidity Coverage Ratio (LCR), ou ratio de liquidité à court terme, pour chaque devise significative, conformément à la circulaire de Bank Al-Maghrib n° 15/G/2013.
-Les actifs liquides non grevés : La disponibilité d'actifs pouvant servir de garantie pour obtenir des refinancements sur les marchés.
-La concentration des financements : Une surveillance accrue de la dépendance à certaines contreparties ou types d'instruments.
L'introduction conjointe du NSFR et du renforcement de l'ILAAP marque une étape cruciale dans l'adaptation du système bancaire marocain aux exigences de Bâle III. Ces mesures visent un double objectif : renforcer la stabilité du système en limitant les risques de liquidité et accroître sa résilience face aux crises potentielles.
Au final, les banques de la place devront donc non seulement respecter des ratios plus stricts, mais également adopter une approche plus proactive et internalisée de la gestion des risques de liquidité. Cette double contrainte devrait à terme consolider la solidité du secteur bancaire et renforcer sa capacité à soutenir le financement de l'économie nationale.