Les tensions commerciales prennent un nouveau tournant. Le président américain Donald Trump a ravivé la menace d’une guerre commerciale mondiale en annonçant dimanche qu’un droit de douane supplémentaire de 10 % serait imposé à tout pays "s'alignant sur les politiques anti-américaines des BRICS", un groupe élargi de grandes économies émergentes comprenant notamment la Chine, l’Inde, la Russie, le Brésil et l’Afrique du Sud.
« Il n’y aura pas d’exception à cette politique », a-t-il déclaré sur Truth Social, sa plateforme de communication, sans fournir davantage de détails sur les pays ciblés ni sur les critères d’alignement.
Retour aux menaces tarifaires
Cette annonce survient alors que l’administration américaine s’apprête à appliquer, à partir du 1er août, une vague de droits de douane initialement annoncée en avril mais gelée le temps de négociations. À l’approche de l’échéance, seuls deux accords ont été officiellement scellés, avec le Royaume-Uni et le Vietnam.
Le secrétaire au Trésor, Scott Bessent, a confirmé dimanche que les droits de douane – pouvant grimper jusqu’à 50 % – seraient appliqués dès août pour les pays n’ayant pas trouvé de terrain d’entente avec Washington.
« Le président Trump va envoyer des lettres à nos partenaires commerciaux : s’il n’y a pas de progrès, les droits du 2 avril feront leur retour, comme un boomerang », a déclaré Bessent sur CNN.
Une centaine de courriers doivent être envoyés lundi à 16h00 GMT, principalement à de « petits pays avec lesquels nous ne commerçons pas beaucoup », selon le Trésor. Toutefois, la priorité reste les 18 relations commerciales majeures représentant 95 % du déficit commercial américain.
Marchés attentifs, partenaires sous pression
Cette escalade tarifaire intervient alors que la Maison Blanche cherche à intensifier la pression sur ses partenaires commerciaux. Le secrétaire américain au Commerce, Howard Lutnick, a confirmé que les taux définitifs étaient en cours de finalisation, laissant la porte ouverte à des ajustements de dernière minute. Les marchés, eux, scrutent ces annonces avec nervosité.
Les actifs refuges comme l’or ont reculé, tandis que le dollar s’est renforcé face à un regain d’incertitude géopolitique. Les marchés actions mondiaux ont terminé en territoire négatif, affectés par le spectre d’un conflit commercial élargi.
L’Union européenne, jusqu’ici prudente, semble elle aussi prise dans l’étau. Selon Bessent, les menaces de tarifs à 50 % ont provoqué une réaction immédiate de Bruxelles.
« Cinq dirigeants européens ont appelé dans les heures qui ont suivi la déclaration de Trump. Ursula von der Leyen était au téléphone », a-t-il affirmé, ajoutant que des progrès significatifs avaient été constatés dans les discussions.
Pour Washington, la stratégie est claire : isoler les BRICS et contraindre ses partenaires à choisir un camp. Kevin Hassett, conseiller économique principal à la Maison Blanche, a indiqué que d'autres accords commerciaux pourraient être conclus à la dernière minute, citant des avancées avec l’Europe et l’Inde, sans toutefois donner de calendrier précis.
Depuis son retour à la Maison Blanche en janvier, Donald Trump a fait du levier tarifaire un pilier de sa politique étrangère et économique. À ce jour, les niveaux de droits de douane évoqués vont de 10 % à 20 % pour certains pays, mais pourraient atteindre 60 % à 70 % pour d’autres, en fonction de leur position géopolitique.