Le secteur immobilier connaît un grand succès auprès des investisseurs, bénéficiant de perspectives positives et d’un retour rapide des investisseurs professionnels vers les entreprises du secteur après des années de prudence.
À 13.200 points en clôture le 8 avril, l’indice MASI atteint un nouveau sommet de 26 mois, dans le sillage des bourses étrangères, toutes stimulées par la baisse de l'inflation et la perspective d'une réduction des taux d'intérêt à partir de l'été. La Bourse de Casablanca tire profit de ce climat général et d'éléments plus locaux, liés à la bonne performance des résultats des entreprises et aux perspectives économiques, avec le mondial 2030 en ligne de mire.
Cependant, il est à noter que dans cette tendance haussière, les investisseurs se concentrent sur un nombre réduit de secteurs : le BTP et l’immobilier. Ce dernier, en particulier, connaît une volatilité remarquable avec un indice sectoriel en hausse de 107% en seulement trois mois !
Les raisons de la hausse
Cet engouement pour l’immobilier s’explique par plusieurs facteurs, tant macroéconomiques que microéconomiques, analysés depuis des mois et largement repris dans la presse et dans les commentaires de marché: L'épisode inflationniste étant derrière nous, les investisseurs préfèrent se projeter dans les bénéfices du programme d’aide au logement plutôt que de se focaliser sur la croissance économique globale, que Bank Al-Maghrib a nettement revu à la baisse, sans que cela semble inquiéter outre mesure les marchés. En soutenant la demande en logement, l’État limite la baisse du pouvoir d’achat, et les investisseurs préfèrent voir le verre à moitié plein.
Sur le plan microéconomique, il est à noter que le secteur a amélioré sa rentabilité en 2023. De plus, les entreprises réduisent leur endettement et génèrent du cash. C’est le cas de Addoha et Alliances, notamment. Cette dernière a même pu proposer un dividende, ce qui a propulsé l'action après son annonce. Même RDS, qui traîne des ardoises sur sa dette privée, profite de l'ambiance générale et du potentiel de son chiffre d'affaires sécurisé pour faire face à ses dettes.
Les OPCVM suivent le mouvement
Il y a tout juste trois mois, les opinions des investisseurs professionnels sur le secteur étaient partagées. Certains y voyaient l'opportunité majeure de 2024, tandis que d'autres étaient préoccupés par l'importance des flux générés par les investisseurs particuliers, souvent perçus comme le prélude à la fin d'un marché haussier. Mais cette fois-ci, le risque a été payant. Les discours évoluent et, bien que peu de bureaux de recherche se soient prononcés sur le secteur (deux à ce jour), les gérants d'OPCVM sont à l'action. «Certains OPCVM, sous-pondérés sur le secteur au vu de sa performance, sont contraints de se repositionner pour ne pas afficher des performances inférieures à celles de leurs concurrents, ce qui pourrait les pénaliser commercialement». Selon notre interlocuteur, la rapide progression des dernières séances est due, outre aux raisons fondamentales mentionnées plus haut, à «une disparité entre le flottant des immobilières et le besoin d'implémentation des OPCVM, poussant ces derniers à surenchérir pour obtenir les quantités souhaitées».
Le secteur représente environ 3% dans le MASI. Mais étant donné la stabilité des grandes entreprises du marché depuis quelques semaines, la surperformance des OPCVM doit venir de paris sur des capitalisations moyennes et plus petites.
Aux exigences techniques des OPCVM s'ajoutent les effets psychologiques, l'intérêt marqué des particuliers pour un secteur où le prix de l'action est souvent abordable et la liquidité du secteur, qui facilite la prise de risque.
Le marché s'attend également à ce qu'un flux d'informations favorable vienne soutenir cette tendance, concernant les sujets prioritaires : redéploiement des réserves foncières, communication montrant une adaptation de la stratégie au nouveau programme d'aide au logement via le moyen standing notamment, désendettement et nouveaux relais de croissance au Maroc et en Afrique.
A.H