Bonne tenue de la rentabilité.
Recentrage sur les actifs à fort potentiel.
Stabilisation de l'IT.
Alors que le groupe BNP Paribas souhaite repousser à 76 ans l'âge limite de départ de son président Jean Lemierre, en place depuis 2014 et qui dirige le groupe français d'une main de maître, la filiale marocaine, l'une des trois plus grandes en Afrique, a connu, elle, une valse des présidents ces dernières années. Laurent Dupuch, parti gérer la filiale ukrainienne en 2020, a été remplacé par Philippe Dumel. Une transition de 3 ans qui a coïncidé avec la pandémie avant que Hicham Seffa, recruté à l'été 2022 au poste de Directeur général, ne soit porté à la présidence du Directoire de la banque en février de cette année.
Un renouvellement de management tout à fait normal de l'avis du nouveau président pour qui ces nominations sur-interprétées sont pour certaines, un signal vers plus de proximité de BMCI avec le marché, et pour d'autres, un jeu de rôle à l'intérieur de la banque, invisibles pour le grand public et qui ont un rôle à jouer tout aussi important dans l'atteinte des résultats. Philippe Dumel, qui continue d'ailleurs d'occuper des fonctions stratégiques au sein de la banque, était présent à la présentation des résultats du groupe lundi, confirmant ce jeu de chaises musicales.
2022, année de relance
Le Groupe a réalisé un produit net bancaire consolidé de 3,05 milliards de dirhams à fin décembre 2022 en hausse de 0,3% par rapport à fin décembre 2021, essentiellement du fait de la hausse de la marge sur commissions et du résultat des opérations de marché respectivement de +8,8% et +11,6%. Les activités de marché évoluent à contresens de la tendance générale du secteur car BMCI a pu bénéficier d'une bonne dynamique de change qui a contrebalancé l'impact de la hausse des taux. En revanche, la banque accuse une baisse de -2% au niveau de la marge d’intérêts.
Le résultat net consolidé s’est établi à 185 millions de dirhams à fin décembre 2022, soit une hausse de 10,8% par rapport à fin décembre 2021, profitant d'une baisse du coût du risque de 2%. «Ceci reflète une bonne orientation de la qualité de nos risques de portefeuille», se félicite Mohamed Fehri, directeur financier du groupe.
Le RNPG s'apprécie de 17% au terme de cet exercice que Hicham Seffa qualifie «d'année de relance» qui ouvre la voie à une reprise de l'activité.
Recentrage sur les actifs à fort potentiel
Interpellé par la presse sur les cessions d'actifs effectuées cette année, objets de spéculation sur un éventuel retrait de la BNP du marché marocain, Hicham Seffa a pris le temps de répondre. "Ce groupe a le courage d'orienter les activités et de faire preuve de pragmatisme. Quand on regarde le profil financier des filiales que nous avons cédées, BMCI Asset Management et de Digifi, par rapport au volume d'activité et à la masse des investissements qu'il faut faire pour les mettre dans la conformité totale au regard d'un groupe tel que BNP Paribas, il y a un arbitrage à faire et se dire qu'il y a une raison de sortir de ces actifs.... Nous avons vu beaucoup de spéculations et de commentaires sur nos choix. En réalité, quand on développe des filiales, c'est avec l'espoir que l'activité marche. Quand ce n'est pas le cas, il faut être capable de prendre des décisions, chose que nous avons fait». Questionné sur les autres filiales du groupe, Hicham Saffa a indiqué que «se désengager d'autres filiales n'est pas notre volonté principale».
Stabilisation du système d'information et offensives à venir dans le digital
La banque a pris ces dernières années du retard dans sa stratégie de transformation digitale à cause d'une refonte du système d'information qui a connu des perturbations. Pour rappel, initiée en 2017 et motivée par des enjeux de sécurisation de l’exploitation et de développement stratégique, la refonte majeure du SI de BMCI, qui a coûté un budget colossal incluant le Core Banking -les frais de gestion ayant frôlé le milliard de dirhams en 2021- s’est conclue le 23 août 2021 avec des perturbations pour les usages et plusieurs réclamations. C'est de l'histoire ancienne, avance désormais Karim Belhassan, Chief Operating Officer (COO) de la banque. «2022 a été une année charnière pour la stabilisation de notre système d'information (SI) avec une réduction significative des incidents. À présent, la BMCI est en mesure d'accélérer son offre digitale à la clientèle. Et si la banque va poursuivre ses investissements dans l'informatique, ils seront moindres que les années passées. Ils concerneront notamment «l'APisation», la cybersécurité et la robotisation pour accélérer l'offre digitale.
Pour 2023, la banque qui est considérée comme une bonne école en matière de gestion de risque, cherchera à poursuivre son développement commercial sur des activités ciblées.
Par ailleurs, questionné sur le dividende qui sera proposé cette année, le management n’a pas voulu faire de commentaire, nous renvoyant à la proposition qui sera faite ultérieurement dans le cadre de l’avis de convocation à l’Assemblée générale.