On aurait pu croire que les 3 milliards de dirhams collectés en 2023 marquaient un pic difficile à dépasser. Il n’en est rien : pour la deuxième année consécutive, l’industrie marocaine du capital-investissement fait mieux que 3 milliards de dirhams de levées et hisse le compteur à 3,85 milliards de dirhams en 2024.
Avec 25 sociétés de gestion et 40 fonds actifs, l’écosystème entre dans une phase « plein régime ». Les cycles de cinq ans (investissement, puis désinvestissement) s’enchaînent désormais sans temps mort. « À 25 ans, on est en pleine forme », résume le président Hassan Laaziri.
Les chiffres déroulés en ouverture donnent le ton. En 2024, les investissements réalisés par 10 sociétés de gestion s’élèvent à 1 699 MMAD, répartis entre 23 nouvelles entreprises et 17 réinvestissements. Ce montant porte à 15,7 Mds MAD les investissements cumulés à fin 2024.
La plupart des fonds sont généralistes, à l'exception de quelques fonds thématiques. Le secteur des services poursuit sa progression, représentant 41 % des investissements entre 2018 et 2024. Les secteurs de la santé et de l’éducation confirment également leur dynamique de croissance.
La région Casablanca-Settat continue de concentrer 72 % des investissements en valeur sur la période récente. La région Rabat-Salé-Kénitra se place en deuxième position avec 14 %.
Les investissements en Capital Amorçage et Risque représentent 42 % des opérations réalisées en 2024 (en nombre). Leurs parts sont passées de 26 % entre 2006 – 2011 à 63 % entre 2018 – 2024. En valeur, leur part reste limitée à 9 % sur la dernière période, contre 84 % pour le Capital Développement.
La progression des fonds dédiés à l’innovation et aux startups explique la hausse des transactions inférieures à 20 MMAD, tandis que les investissements supérieurs à 100 MMAD poursuivent leur montée. Le ticket moyen en Capital Développement est de 136 MMAD entre 2018 - 2024, contre 52 MMAD en 2012 – 2017. Le ticket moyen pour les phases d’amorçage/risque est de 12 MMAD sur la période 2018 – 2024.
Indicateur | Montant |
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Levées de fonds | 3,847 Mds DH |
Investissements | 1,699 Md DH |
Désinvestissements | ≈ 1 Md DH |
TRI brut cumulé (industrie) | 12 % |
Multiple entrée/sortie | 1,9 x |
Source : AMIC
Les investisseurs marocains représentent désormais près de la moitié des souscriptions cumulées (48 %) ; un rééquilibrage salué par l’AMIC qui y voit un gage de souveraineté financière. Le capital-développement affiche un ticket moyen de 136 M DH, contre 56 M DH toutes stratégies confondues. Conséquence : un « trou » se dessine dans la tranche 20-100 M DH, que l’Association appelle à combler. Selon les professionnels, l'apport du Fonds Mohammed VI sera important dans ce sens, car il prévoit de diriger certaines initiatives pour cette taille spécifique de deals.
Avec 11 actes de désinvestissement, les sorties de l’année 2024 atteignent 1 067 MMAD, un niveau légèrement supérieur à celui de 2023. Sur la période 2018 – 2024, les montants désinvestis s’élèvent à 5,7 Mds MAD, contre 1,98 Mds MAD entre 2012 – 2017. Cela porte à 172 le nombre cumulé de désinvestissements réalisés à fin 2024, pour un total de 9,3 milliards de dirhams.
Le marché secondaire, en particulier, connaît une croissance continue, confirmant sa maturité et sa capacité à absorber un volume croissant de transactions. Il s’impose comme un levier clé de liquidité, autant pour les investisseurs marocains que pour les fonds étrangers, dont l’intérêt pour le marché marocain ne cesse de croître. Il représente 44 % des sorties réalisées entre 2018 – 2024, contre 3 % entre 2006 – 2011. Les introductions en bourse (IPO), après une période de repli entre 2012 et 2017, ont connu un regain d’activité ces dernières années, atteignant 22 % des sorties entre 2018 – 2024.
Le TRI brut moyen calculé sur la base de 115 cessions effectives est de 12 % sur la période allant de 2000 à 2024. Le multiple global du secteur est de 1,9 (1,4 pour l’amorçage/risque – 2,1 pour le développement et 1,8 pour la transmission).
La durée moyenne de détention des participations est de 6,2 ans. Les secteurs de la santé, des services et de la construction affichent les TRI les plus élevés avec respectivement 23%, 15% et 14%.
Le capital-investissement marocain semble avoir trouvé son point d’équilibre. Restent à élargir la base régionale, à combler le « mid-ticket gap » et à maintenir un TRI à deux chiffres.
L’enquête interne de l’AMIC fait remonter trois priorités pour l’année en cours :
Rang | Challenge cité | Poids dans les réponses |
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1 | Sourcer de nouvelles cibles | 33 % |
2 | Lever davantage de capitaux | 26 % |
3 | Réussir les sorties | 29 % |
Les ambitions ne manquent pas : 7,8 Mds DH de levées sont envisagées en 2025, soit un quasi-doublement, et 19 exits sont déjà dans les tuyaux.