photo : Rachid Mohammadi, Directeur général de Snep. Y.S/ Boursenews
La vie n'est pas faite que de joies, mais aussi et surtout d'épreuves. Celle de Snep a été marquée par une traversée du désert entre 2011 et 2015, où les ventes et les bénéfices chutaient drastiquement. En cause des importations massives du PVC en provenance, de Etats-Unis, du Mexique et de l’Union Européenne à des prix anticoncurrentieles. Une discrimination commerciale, comme l’a appelée, Rachid Mohammadi, Directeur général de la filiale de Ynna Holding.
Passé cette période, grâce un coup de pouce de l’Etat (instauration de mesures antidumping), Snep est finalement sortie de crise. Ses bénéfices ont retrouvé des niveaux plus élevés et son cours de bourse s’envolait (+240% en 2016).
Cette année, après cette période de recovery, la situation s’est un peu plus corsée. D’abord avec un profit warning sur les résultats semestriels puis par des inquiétudes autour de la reconduction des mesures anti-dumping qui prendront fin en décembre.
Le management a donc organisé des journées « portes ouvertes » dans son usine à Mohammedia, pour présenter ses résultats, son programme d’investissement et pour une visite de site. Mais surtout pour rassurer un marché visiblement moins confiant sur la capacité de l’entreprise à faire désormais mieux, comme en témoigne son évolution en Bourse actuellement (-14% depuis janvier).
Mesure antidumping : La position du management
Concernant les mesures de sauvegarde, Rachid Mohammadi, était clair et catégorique, expliquant que la décision de reconduire ou pas ces mesures n’impacte « absolument pas » la mise en place du programme d’investissement ni l’activité en générale. Et que « la deuxième partie du programme d’investissement va être exécutée, nonobstant le résultat de la requête de la reconduction des mesures de sauvegarde»
En outre, soutient-t-il « en augmentant notre capacité de production du PVC à 90.000 tonnes, nous allons acquérir des points supplémentaires de compétitivité : il y aura des économies d’échelles, on va moderniser une partie du matériel. Tout cela nous donne de la puissance et nous réconforte ».
Financement : Deux choix possibles
Questionné sur les modalités de financement de la deuxième phase d’investissement (300 MDH), le management indique qu’il y a deux options envisageables. La décision sera arrêtée en fin d’année (la plus appropriée et la moins coûteuse).
La première option classique consisterait en un mélange entre de la dette bancaire et des fonds propres, permis par son gearing très faible. La deuxième alternative serait un recours à une émission de dette privée et une partie par fonds propres. « Dans les deux cas on a pris la décision de contribuer avec nos capitaux propres » indique-t-on.
"Nous avons eu l’aval des organismes financier pour nous accompagner sur cette opération de financement".
Retombées du programme d’investissement
Le management a par ailleurs présenté des perspectives qui ne laissent pas indifférent. En plus d’atteindre une capacité annuelle de production effective de 120.000 de PVC et de 115.000 T de soude liquide en 2022. Snep compte s’ouvrir à l’international en exportant 15 à 20% de sa production de PVC en Europe méditerranéenne (Espagne, Portugal), en Turquie et aux pays de la CEDEAO. Idem pour sa production de soude.
En termes de prévisions de chiffres d’affaires, la société table sur des revenus de 1,25 milliard de DH en 2020, 1,69 milliard de DH en 2022 et 1,71 milliard de DH en 2024.
Pour les prévisions d’évolution des parts de marché PVC, la société dit pouvoir atteindre 70% en 2020, 75% en 2022 et 80% 2024. Rappelons que la société couvre aujourd’hui 44% des besoins du marché national en PVC et 71 % en soude. En 2024, la demande en PVC devrait croître au Maroc pour atteindre environ 140 000 tonnes.
Avec ce programme d’investissement, Snep accompagne également sa modernisation. Pour se hisser au rang d’une industrie 4.0, la société prévoit d’intégrer le digital au sein de tous ses process de production. Son organisation sera ainsi transformée tant dans ses métiers que dans son offre de produits et services.
« On n’est pas en train de rêver, ce sont des parts de marché qu’on peut atteindre. Snep a tous les moyens et mérites pour y parvenir » souligne fièrement le DG. Et de conclure : « C’est une industrie capitalistique, et nous avons les capitaux pour y aboutir. Nous ne sommes pas prétentieux. On se fixe un rendez-vous pour confirmer ces objectifs ».