Le changement est constant, le risque est intégré de manière quotidienne et l’innovation ne s’arrête jamais…Voilà à quoi ressemble aujourd’hui le secteur de la Tech. Et c’est justement ce qui fait la force (parfois la faiblesse) des sociétés qui le compose. Certaines perdent pied, d’autres prennent la vague. Dans ce schéma complexe, Microdata, spécialiste de l'IT, se distingue.
«Nous sommes arrivés à inscrire une belle histoire sur les 10 dernières années. Une histoire qui ne s’est jamais démentie. Et 10 ans dans notre métier c’est très long», lance avec fierté Hassan Amor, PDG de Microdata, lors de la conférence financière tenue mardi à Casablanca où la densité d'analystes financiers présents était remarquable.
Introduite en 2007, la valeur a connu un gros passage à vide jusqu’en 2016. Passée cette période, le dossier est parvenu à s’extirper de cette latéralisation pour côtoyer aujourd’hui des sommets record à 460 DH. Avec 65% de gains en ytd, elle enregistre la meilleure performance de la cote sur les 9 premiers mois de 2019.
Derrière ce parcours boursier en yo-yo, Micordata a su faire montre de résilience au fil des années. Qu’on en juge : son taux de croissance moyen du chiffre d’affaires est de 14% sur la dernière décennie (largement supérieur à celui du marché). Celui des bénéfices est de 12,5% alors que sa marge nette se maintient constamment au-dessus des 8%.
Cette croissance, elle la doit aussi à sa stratégie intelligible et bien définie, augurant favorablement de ses perspectives : une prise de participation dominante par rapport à ses concurrents, un businessmodel agile permettant de doper les marges et de réduire le risque de concentration, ainsi qu’un portefeuille clients diversifié composé majoritairement de grands groupes marocains (privés et publics), ce que H. Amor appelle «Maroc SA». Il assure d’ailleurs que la relation client est un véritable nerf de la guerre et un driver de croissance pour Microdata.
«On arrive à déloger et à déstabiliser les concurrents par rapport à ces grands groupes», confie Younes Amor, Vendor and Corporate relations manager. Non sans préciser que le secteur bancaire reste parmi les verticaux que la société assiste. Un marché, avec celui des assurances, très demandeur en infrastructure IT et où la techno se place en pole position en termes d’opportunités.
Au-delà de ces grosses structures, situées en haut de la pyramide client de la techno, 15% du business s’adressent aux PME-PMI structurées, souvent filiales de groupes français.
Multitude de relais de croissance
Les relais de croissance, ce n’est pas ce qui manque chez Microdata. D’abord, à court terme, la société devrait profiter de la réallocation des budgets publics en faveur de la remise à niveau des infrastructures IT dans le cadre de la transformation digitale. «Les ministères sont l’un de nos axes de croissance», assure le PDG.
L’obsolescence de l’infrastructure et la nécessité de son renouvellement dans le secteur privé sont aussi présentées comme un relais.
A horizon plus long, le management parle des nouvelles tendances technologiques qui accentueront davantage la valeur ajoutée de l’infrastructure IT pour les organisations : La généralisation du stockage par mémoire flash, le passage à la fibre optique, à la 5G…
Microdata veut aussi s’attaquer à d’autres cas d’usages tels que les IoT, l'AI, le cloud et le Big Data.
Priorité à la croissance organique ou à l'intégration en amant
La boîte dit clairement ne pas être intéressée par une croissance externe. «Nous ne sommes pas intéressés par le rachat de nos concurrents. Si nous travaillons bien, nous capterons leurs marchés gratuitement», indique Amor, qui explique être plutôt intéressé par des entreprises qui évoluent dans des marchés de niche (des start-up aussi), avec une technologie annexe à l’IT et qui n’arrivent pas à accéder aux grands comptes. «Nous souhaitons plus acheter des entreprises qui ont le pied à l’étrier dans ces technologies pour un gain de temps».
Il est à signaler que durant le premier semestre, Microdata a créé une filiale spécialisée dans les services de déploiement informatique sous la dénomination sociale «DGSM», détenue à 100%. Jusqu'à présent, cette filiale en phase de démarrage n'a pas encore été consolidée puisque aucun volume n'a été enregistré au niveau de ses revenus, de ses charges et de ses investissements. «C’est une filiale de prestations de services autour du constructeur Dell Technologies. La montée en charge est prévue pour 2020-2021», a commenté le top management.
Point sur les comptes semestriels
Les bénéfices de Microdata ont suivi la forte progression de celles des revenus. A fin juin 2019, le résultat net a connu une très forte augmentation de 41,8%, s'établissant à 35 MDH.
Les bénéfices ont profité aussi de l’amélioration du résultat financier grâce à une stabilité du Dollar sur la période.
La marge nette est de 8,5%. Un taux corrélé au résultat financier et au résultat net.
La dette a progressé à 88,4 MDH contre 23,9 MDH deux années plutôt, lui conférant un gearing de 62,2%. Pour Y. Amor, cela dénote de «la bonne capacité de Microdata à lever des fonds».
Le BFR suit logiquement le développement de l’activité et la croissance de l’offre en projet, et dans une moindre mesure l’allongement des délais de paiement. A fin juin, le BFR s’est situé à 205,3 MDH versus 108,4 MDH au S1-2016.
Y.S