WASHINGTON, 17 juillet (Reuters) - Le Etats-Unis ont dévoilé lundi leur stratégie de renégociation de l'Accord de libre-échange nord-américain (Alena), et annoncé que priorité serait donnée à la réduction du déficit commercial américain.
Dans un document envoyé aux représentants en prévision de l'ouverture des discussions le mois prochain, le représentant au Commerce Robert Lighthizer a précisé le projet de l'administration Trump: réduire le déficit commercial en améliorant l'accès des produits américains sur les marchés canadien et mexicain, les deux partenaires des Etats-Unis dans l'Alena.
L'administration entend en outre, pour la première fois dans un traité américain, y inclure une disposition contre toute manipulation de devises de la part des partenaires commerciaux.
Si le Canada et le Mexique ne sont pas considérés comme Washington comme "manipulateurs", cette liste d'exigences pourrait se répercuter dans d'autres renégociations commerciales, avec la Corée du Sud notamment, qui est sur une liste de surveillance des autorités américaines en la matière.
Donald Trump a promu lundi à la Maison blanche une série de produits "made in USA", notamment en posant avec un chapeau de cow-boy, et renouvelé sa promesse de campagne de faire passer l'Amérique en premier.
"Nous allons défendre nos sociétés et, chose peut-être plus importante, nos travailleurs", a déclaré le président américain. "Le temps est venu d'une nouvelle politique, définie par deux règles simples: Nous allons acheter américain. Et nous allons embaucher américain".
En contradiction avec ces propos, le Department of Homeland Security (DHS) a annoncé lundi la délivrance de 15.000 visas supplémentaires à des travailleurs saisonniers afin de pallier le manque de main-d'oeuvre dont souffrent les entreprises ayant recours à des emplois temporaires. UN PROJET SANS SURPRISE
Lors de la renégociation de l'Alena, l'administration Trump va chercher à éliminer un mécanisme d'arbitrage des disputes commerciales qui a pour le moment empêché les Etats-Unis de lancer des poursuites contre des sociétés canadiennes ou mexicaines accusées de dumping, ou de recevoir des subventions anticoncurrentielles, a précisé le représentant au Commerce.
Les Etats-Unis entendent en outre éliminer un certain nombre de barrières commerciales non douanières aux exportations agricoles dans ces deux pays, notamment des subventions et des structures tarifaires jugées inéquitables.
Enfin, Robert Lighthizer ajoute que Washington cherchera à renforcer les règles sur la provenance des produits afin de garantir que les bénéfices tirés de l'accord de libre-échange n'aillent pas à des pays tiers, et d'"inciter" à s'approvisionner en produits américains, conformément aux promesses d'"America First" de Donald Trump.
Le représentant au Commerce n'a pas précisé comment pourraient fonctionner ces incitations, ni quelle proportion des composants d'un produit devraient être américains pour qu'il soit considéré comme originaire des Etats-Unis.
Les négociations ne commenceront pas avant le 16 août, a-t-il ajouté.
Le Canada a réagi à la publication de ces grandes lignes de négociation, les jugeant sans surprise, selon une source proche du gouvernement canadien. "Ce n'est pas révolutionnaire (...) les questions abordées dans ce document ont dans une large mesure été annoncées comme des priorités par l'administration américaine ces derniers mois", rapporte-t-on.
Le gouvernement mexicain a annoncé qu'il chercherait à fortifier les échanges économiques nord-américains, et un responsable a jugé le projet de négociation "moins mauvais" que ne le redoutait Mexico.
Dans un communiqué, le ministère de l'économie mexicain a dit s'attendre à entamer les discussions à partir du 16 août, en vue de "consolider la coopération et l'intégration économique en vue de renforcer la compétitivité nord-américaine".
(Lesley Wroughton, David Lawder, Anthony Esposito et Dave Graham; Julie Carriat pour le service français) Reuters