(Reuters) - La Bourse de New York a fini en hausse lundi, soutenue par les valeurs les plus sensibles à l’évolution des tensions commerciales entre les Etats-Unis et la Chine, après la trêve de 90 jours conclue pendant le week-end par les présidents Donald Trump et Xi Jinping.
L’indice Dow Jones a gagné 287,97 points, soit 1,13%, à 25.826,43.
Le S&P-500, plus large, a pris 30,2 points, soit 1,09%, à 2.790,37, au plus haut en clôture depuis le 9 novembre.
Le Nasdaq Composite a progressé de 110,98 points, soit 1,51%, à 7.441,51.
L’issue favorable du dîner très attendu qu’ont partagé samedi le président américain et son homologue chinois en marge du sommet du G20 à Buenos Aires, censée entre autres favoriser la baisse des droits de douane chinois sur les produits importés depuis les Etats-Unis, a été saluée par un regain général d’appétit pour le risque.
“Aujourd’hui, on a surtout célébré le fait que les Etats-Unis et la Chine ont retardé ce qui aurait pu être le pire des scénarios en matière de relations commerciales”, a commenté Michael Arone, directeur des investissements de State Street Global Advisors.
Il a toutefois ajouté qu’”il reste des questions très épineuses à résoudre” entre les deux premières économies mondiales.
La trêve n’est en effet que temporaire, Washington ayant pris soin de rappeler que le relèvement à 25%, contre 10% aujourd’hui, des droits de douane américains sur 200 milliards de dollars de produits chinois n’était suspendu et pas définitivement abandonné.
Cette incertitude a d’ailleurs contribué à l’effacement en fin de séance d’une partie des gains initiaux, les grands indices terminant sous leurs plus hauts du jour.
Les gains de ce lundi s’ajoutent au rebond marqué enregistré la semaine dernière (+4,8% en cinq séances pour le S&P 500, sa meilleure performance hebdomadaire depuis près de sept ans).
Le mouvement général de hausse a bénéficié en premier lieu aux secteurs les plus affectés ces derniers mois par la montée des barrières douanières, comme l’industrie, dont l’indice Standard & Poor’s a pris 1,17%, les hautes technologies (+2,11%) ou les matières premières (+1,75%).
Au sein du Dow, Boeing a pris 3,81%, Caterpillar 2,42%, Apple 3,49% et Microsoft 1,08%.
Les constructeurs automobiles ont quant à eux profité de l’évocation par les responsables américains d’une prochaine diminution des droits de douane chinois: General Motors s’est adjugé 1,32%, Ford 2,02% et Tesla 2,29%.
Les valeurs pétrolières ont profité de leur côté de la remontée marquée des cours du brut: Exxon Mobil a pris 2,16% et Chevron 1,45%.
Dans l’actualité des fusions-acquisitions, le spécialiste des traitements du cancer Tesaro a bondi de 58,47% après l’annonce de son rachat par GlaxoSmithKline.
A la baisse, le secteur considéré comme défensif des produits de consommation courante a abandonné 0,09%.
Les derniers développements du conflit commercial entre les Etats-Unis et la Chine ont largement éclipsé l’annonce d’une accélération inattendue de la croissance de l’activité des service: l’indice ISM du secteur est remonté à 59,3 en novembre après 57,7 en octobre, alors que le consensus Reuters le donnait à 57,6.
Les dépenses de construction, elles, ont poursuivi leur repli en octobre, reculant de 0,1%.
Avant Wall Street, les Bourses européennes ont elles aussi fini en nette progression en réaction à la trêve commerciale conclue samedi entre Washington et Pékin.
À Paris, l’indice CAC 40 a terminé sur une progression de 1% à 5.053,98 points, après un pic à 5.115,13. Le Footsie britannique a gagné 1,18% et le Dax allemand 1,85%.
L’indice EuroStoxx 50 a pris 1,32%, le FTSEurofirst 300 1,16% et le Stoxx 600 1,03%.
Les secteurs les plus sensibles au commerce ont été les principaux bénéficiaires du rebond général: l’indice Stoxx des ressources de base a progressé de 3,97%, celui de l’automobile de 3,04% et celui de la technologie de 3,04%.
STMicroelectronics (+6,03%), ArcelorMittal (+4,02%) et Valeo (+8,02%) figurent parmi les plus fortes hausses du CAC, avec les géants du luxe Kering (+7,68%) et LVMH (+5,03%).
Les constructeurs automobiles allemands se sont eux aussi distingués: BMW a grimpé de 4,78%, Daimler de 4,54% et Volkswagen de 2,87%.
En revanche, plusieurs valeurs françaises du tourisme et de la consommation, comme Vinci (-2,20%), Carrefour (-5,79%) et Accor (-0,69%) ont baissé contre la tendance, plusieurs intervenants mettant en avant les craintes sur ces secteurs liés au mouvement national de protestation des “Gilets jaunes”.
L’impact sur le marché obligataire du regain marqué d’appétit pour le risque perceptible à Wall Street sur s’est vite dissipé et les rendements des Treasuries sont repartis à la baisse, sous 3% pour le dix ans, avec pour principales conséquences un aplatissement de la courbe des rendements et une inversion - la première depuis 2007 - de la courbe de trois à cinq ans.
En fin de séance, le rendement des emprunts à dix s’affichait à 2,970%, son plus bas niveau depuis le 14septembre.
L’écart entre les rendements à deux et dix ans s’est parallèlement réduit à 16 points de base, un nouveau plus bas. Celui séparant les rendements à trois et cinq ans est lui passé à -0,7 point.
En Europe, le mouvement a été similaire: le rendement du Bund allemand à dix ans est repassé en séance sous la barre de 0,30% pour la première fois depuis plus de trois mois.
Sur le marché des devises, la journée a été marquée par le repli du dollar, qui avait profité la semaine dernière de son statut de valeur refuge face au risque commercial.
A l’opposé, les devises qui avaient souffert des craintes d’une montée des droits de douane américains et d’un impact des tensions sur la demande chinoise, ont rebondi, à l’instar du yuan chinois ou des dollars australien et néo-zélandais.
En fin de séance à Wall Street, le billet vert abandonnait 0,29% face à un panier de devises de référence. L’euro en profitait pour remonter à 1,1350 dollar, en hausse de 0,32% sur la journée, après un pic à 1,1380.
Le yuan, lui, a gagné près de 1% face au billet vert, à 6,8767 pour un dollar.
Les cours du pétrole ont terminé en nette hausse sur le marché new-yorkais Nymex, la trêve commerciale conclue pendant le week-end par les Etats-Unis et la Chine éloignant au moins temporairement une menace sur la croissance mondiale et donc sur la demande de brut.
La remontée des prix a aussi profité de l’annonce d’une réduction de la production de la province canadienne de l’Alberta, décrétée par les autorités locales, et de la perspective de mesures d’encadrement de l’offre à l’issue de la réunion de l’Opep et de ses alliés en fin de semaine.
Le contrat janvier sur le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) a gagné 2,02 dollars, soit 3,97%, à 52,95 dollars le baril, après avoir atteint en séance 53,85 dollars, son plus haut niveau depuis le 23 novembre.
Au moment de la clôture du Nymex, le Brent prenait 2,23 dollars (3,75%) à 61,69 dollars.