WASHINGTON (Reuters) - La Réserve fédérale américaine a, sans surprise, laissé ses taux inchangés mercredi, tout en ajoutant que l’inflation était désormais proche de son objectif de 2%, ce qui laisse la porte ouverte à un nouveau tour de vis en juin après celui de mars.
Le comité de politique monétaire de la banque centrale a en outre relativisé le récent ralentissement de la croissance de l’emploi et de l’activité, notant que l’économie continuait de croître à un “rythme modéré” et que la croissance de l’emploi était restée forte, en moyenne, sur les derniers mois.
Dans un communiqué publié à l’issue d’une réunion de deux jours, le Federal Open Market Committee (FOMC) explique que l’inflation est désormais proche de son objectif et que sur une base de 12 mois elle devrait évoluer “près de l’objectif symétrique de 2% du comité sur le moyen terme”.
La décision de maintenir la fourchette du taux d’intervention (taux des Fed funds) à 1,50%-1,75% a été prise à l’unanimité.
Les économistes et investisseurs étaient unanimes à tabler sur un statu quo ce mois-ci, d’autant que la réunion de la Fed n’était suivie d’aucune conférence de presse.
La réunion précédente, en mars, s’était soldée par une hausse d’un quart de point du taux des fed funds.
Les marchés financiers ont peu réagi à la décision mais les économistes s’interrogent sur le nouveau terme d’objectif inflation “symétrique” inséré dans le communiqué de politique monétaire.
“Cette notion d’objectif symétrique donne à penser que l’inflation pourrait être au-dessus (...) et que la Fed ne veut pas voir le marché surréagir”, commente Cary Leahey, chez Decision Economics à New York.
“Par ailleurs il n’y a plus la mention que le comité suit de près l’évolution de l’inflation. Je crois qu’ils nous disent qu’ils vont laisser l’inflation aller un peu plus haut et qu’ils ne feront pas une fixation sur cela à court terme.”
L’indice dollar, qui mesure le niveau du billet vert face à un panier de grandes devises, a initialement fléchi avant de se réorienter en légère hausse, progressant de 0,14% à 92,577 vers 19h20 GMT. Il était monté en début de journée jusqu’à 92,718, au plus haut depuis le 28 décembre dernier.
A l’appui de sa confiance dans l’économie, la Fed note que l’investissement des entreprises a continué de progresser fortement. Elle ajoute que les risques pour ses projections économiques semblent “à peu près équilibrés”, ayant supprimé la mention de “risques à court terme.”
Le nouveau président de la Fed, Jerome Powell, a déclaré à plusieurs reprises que l’institut d’émission chercherait un juste milieu dans sa politique monétaire, poursuivant le relèvement progressif de ses taux dans un contexte économique dépourvu d’inflation forte.
Des statistiques publiées lundi ont montré que l’indice PCE de l’inflation, mesure privilégiée par la Fed pour le coût de la vie, avait augmenté de 1,9% en mars sur un an, se rapprochant ainsi de l’objectif de la banque centrale après des années de faibles pressions sur les prix.
Les banquiers centraux avaient anticipé cette évolution et souligné que leur objectif de 2% ne constituait pas un plafond.
La banque centrale prévoit à ce stade deux autres relèvements de taux cette année, mais ses responsables sont de plus en plus nombreux à ne pas en exclure trois.
Les investisseurs attendent un nouveau resserrement dès la prochaine réunion monétaire des 12 et 13 juin.
Le rythme des hausses de taux a accéléré depuis le début du cycle de resserrement en décembre 2015. La banque centrale n’a relevé ses taux qu’une seule fois en 2016 puis à trois reprises l’an dernier sur fond de renforcement de l’économie et du marché du travail.
La croissance a ralenti à 2,3% au premier trimestre, confirmant une tendance observée ces dernières années, et les créations d’emplois ont décéléré en mars mais l’activité devrait accélérer de nouveau dans les prochains mois, grâce en partie aux baisses d’impôts et aux mesures budgétaires de l’administration Trump.
L’économie américaine vit sa deuxième plus longue phase d’expansion depuis la Deuxième Guerre mondiale. Le taux de chômage est à un plus bas de 17 ans de 4,1%, sous la définition du plein emploi retenue par la Fed, et les salaires semblent évoluer plus favorablement après une longue période de stagnation.
Le communiqué de la Fed n’a pas fait mention des risques posés par les tensions commerciales croissantes entre les Etats-Unis et d’autres pays. Les responsables de la banque centrale ont, lors de prises de parole récentes, mis en avant le possible impact négatif de ces tensions mais le FOMC a manifestement opté pour une attitude de “wait and see.”