Les responsables monétaires européens sont soulagés après la première place d'Emmanuel Macron au premier tour de l'élection présidentielle française et la Banque centrale européenne pourrait infléchir son discours en juin pour tenir compte de l'amélioration des perspectives de l'économie de la zone euro, ont dit des sources liées à l'institut monétaire.
Trois sources internes ou proches du conseil des gouverneurs ont dit à Reuters que de nombreux responsables monétaires estiment qu'il y a une marge de manoeuvre pour envoyer un petit signal sur une réduction de la stimulation monétaire, du fait de l'amélioration des perspectives économiques de la zone euro et de la disparition du risque d'un duel entre candidats eurosceptiques dans la course à l'Elysée.
Il n'y a en revanche pas de volonté de changement du message sur la poursuite des achats d'actifs jusqu'à la fin de l'année et sur le maintien des taux d'intérêt à des plus bas record lors de la réunion de jeudi.
Un changement de ton en juin pourrait se traduire par une modification de la formulation du discours introductif prononcé par le président de la BCE, Mario Draghi, lors de sa traditionnelle conférence de presse à l'issue du conseil des gouverneurs.
Certaines voire toutes les références à un biais baissier sur les perspectives économiques de la zone euro et la mention de possibles nouvelles baisses des taux ou d'une augmentation des achats d'actifs pourraient ainsi être supprimées.
"La discussion portera sur la suppression de certains des biais en faveur d'une accommodation (monétaire)", a dit l'une des sources. "Je ne peux pas dire avec quelle rapidité cela interviendra parce que cela dépendra des données (économiques)", a-t-elle ajouté.
La BCE n'a pas souhaité faire de commentaire.
L'euro a accentué ses gains et les rendements obligataires au sein de la zone euro se sont tendus après la publication de ces informations.
Ces dernières "ont rappelé la relation entre la réduction du risque géopolitique et ce que la BCE pourrait faire à l'avenir", a dit Sireen Haraji, stratégiste sur les changes chez Mizuho. "Cela renforce la confiance dans l'euro."
La prudence continue toutefois de prévaloir au sein du conseil des gouverneurs après des années de faiblesse de la croissance et de l'inflation au sein de la zone euro depuis la crise financière de 2008.
Le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, a dit la semaine dernière que tout changement de politique monétaire était prématuré. Le chef économiste de la BCE, Peter Praet, a prévenu ce mois-ci que la seule mention d'une possible hausse de taux pourrait remettre en cause certains des acquis de la politique monétaire ultra-accommodante de la BCE.
"Nous devons faire preuve de beaucoup de prudence avant de faire quelque changement que ce soit", a dit une autre source.
Le programme d'achat de la BCE, ramené depuis le mois d'avril à 60 milliards d'euros par mois contre 80 milliards auparavant, a été prolongé jusqu'à la fin de cette année.
Confrontée à une pénurie de titres de certains émetteurs souverains, la BCE a toutefois souligné qu'un changement des modalités de son programme d'achat soulevait des difficultés aussi bien sur le plan juridique que politique.
"Nous sommes contraints sur ce que nous pouvons faire sur le programme (d'achat)", a dit une des sources.
Reuters.