Les investisseurs étrangers investiront 970 milliards de dollars (860 milliards d'euros) cette année dans les marchés de capitaux des pays émergents, un montant en hausse de 35% par rapport à 2016, selon des projections publiées mardi par l'Institute of International Finance (IIF).
Les flux de capitaux vers les pays émergents au cours du premier trimestre sont ressortis au plus haut depuis 2014 et les projections de l'IIF pour l'ensemble de l'année sont supérieures de 290 milliards de dollars à ce qu'elles étaient il y a quatre mois.
L'élection de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis en novembre avait fait craindre un tarissement des flux vers les pays émergents en raison de la rhétorique protectionniste du nouveau locataire de la Maison blanche, susceptible de peser sur leur croissance économique. Les anticipations d'un durcissement plus rapide de la politique monétaire américaine semblaient en outre favorables à un renforcement du dollar et à un basculement des flux de capitaux vers les marchés américains.
"Si l'on regarde ce qui s'est passé au cours des cinq derniers mois, il est manifeste que les menaces de tensions commerciales à court terme se sont nettement estompées", a dit Hung Tran, directeur général de l'IIF.
"Sous l'hypothèse d'une poursuite de l'amélioration de la croissance mondiale et dans les pays émergents et d'une trajectoire graduelle et bien expliquée de resserrement de (la politique monétaire de) la Fed jusqu'en 2018, nous sommes un peu plus optimistes sur les flux de capitaux à destination des émergents", a-t-il ajouté.
Les flux d'investissements annuels des investisseurs étrangers dans les pays émergents dépasseraient les 1.000 milliards de dollars en 2018, pour la première fois depuis 2014, selon l'IIF. Ils étaient tombés à un plus bas de 12 ans en 2015.
Les flux nets de capitaux devraient toutefois rester négatifs en raison, d'une part, des sorties imputables aux résidents des pays émergents, même si ces dernières ralentiront, et, d'autre part, des variations des réserves de change et des "erreurs et ommissions".
L'IIF anticipe que les sorties brutes de capitaux totaliseront 892 milliards de dollars cette année, un montant en baisse de 141 milliards de dollars par rapport à 2016. Elles devraient encore reculer en 2018.
"Cette modération est due à la Chine qui a utilisé le contrôle des capitaux pour freiner les sorties avec un certain succès", a dit Scott Farnham, analyste de l'IIF alors que les flux sortants de Chine avaient atteint un record à 725 milliards de dollars en 2016.