La Chine et les Etats-Unis viennent d'achever à Pékin d'intenses négociations visant à mettre un terme à leur guerre commerciale, avant de nouvelles rencontres prévues cette semaine à Washington.
Si le président américain Donald Trump a assuré que les discussions se passent "extrêmement bien", des questions "très difficiles" restent encore à régler, selon son négociateur en chef.
Le locataire de la Maison Blanche a cependant déclaré qu'il pourrait repousser l'échéance donnée à Pékin pour trouver un accord -- fixée du 1er mars -- avant d'imposer des tarifs douaniers punitifs sur 200 milliards de dollars de produits chinois supplémentaires.
Voici les questions qui restent en suspens.
- Propriété intellectuelle -
Selon Washington, Pékin encourage le "vol" de la propriété intellectuelle américaine, tout en obligeant les entreprises étrangères à effectuer des transferts de technologies pour accéder au marché chinois.
La Chine répond en accélérant actuellement l'élaboration d'une loi sur les investissements étrangers. Ambition: renforcer les sanctions contre les infractions liées à la propriété intellectuelle et interdire explicitement les transferts de technologie forcés.
Par ailleurs, le géant asiatique élargit progressivement le nombre de secteurs d'activités où les entreprises étrangères peuvent être présentes sans être obligées de s'associer avec un partenaire chinois.
Cela sera-t-il suffisant pour apaiser l'administration Trump? Le FBI a déclaré récemment enquêter sur l'espionnage chinois sur le sol américain. Et le ministère de la Justice accuse le géant chinois des télécoms Huawei de vol de secrets commerciaux.
- "Fabriqué en Chine 2025" -
La Chine a lancé en 2015 un grand plan baptisé "Fabriqué en Chine 2025", destiné à faire du pays un géant mondial technologique, notamment dans la robotique, l'intelligence artificielle, internet, ou les télécommunications. Cela passe notamment par des subventions.
Ce programme inquiète particulièrement les Etats-Unis, qui pourraient perdre leur statut de leader planétaire dans le domaine.
Pour Pékin, la guerre commerciale en cours avec Washington a encore davantage montré la nécessité de limiter la haute dépendance du pays aux technologies américaines -- notamment aux semiconducteurs.
En 2018, une brève interdiction par les Etats-Unis des ventes de composants électroniques américains au mastodonte chinois des télécoms ZTE avait ainsi failli couler l'entreprise.
- Subventions étatiques -
Ces dernières années, les entreprises d'État ont renforcé leur domination sur le marché chinois -- en dépit des demandes occidentales d'accélérer la réforme de ces mastodontes publics peu rentables.
Washington espère du gouvernement chinois qu'il réduise ses interventions dans l'économie et réduise les généreuses subventions accordées à certains secteurs et entreprises.
Mais sur ce dossier, la Chine n'ira pas au-delà de ses engagements réglementaires vis-à-vis de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), prédit l'économiste Cui Fan, de l'Université de commerce international et d'économie de Pékin.
"Je pense qu'il sera difficile de résoudre totalement ce problème d'ici à la fin du mois", déclare-t-il à l'AFP.
- Déficit commercial -
C'est un problème clé pour Donald Trump: la Chine a encore enregistré en 2018 un colossal excédent commercial avec les Etats-Unis, de 323,3 milliards de dollars.
Pour compenser, le géant asiatique s'est engagé à augmenter ses achats de soja et d'autres produits américains afin de faciliter les négociations avec la Maison Blanche.
Seul bémol potentiel pour les Etats-Unis: tout achat massif de biens américains devrait principalement se faire par... les entreprises étatiques, dont ils veulent par ailleurs réduire l'influence.
- Accord en vue ? -
Les deux pays s'efforcent de conclure un protocole d'accord qui détaille leurs engagements, en vue d'une éventuelle rencontre entre Donald Trump et le président chinois Xi Jinping.
Mais le locataire de la Maison Blanche se satisfera-t-il d'un texte qui se concentrerait uniquement sur le déficit commercial et remettrait à plus tard toute réforme structurelle en Chine?
Début février, Donald Trump avait martelé que tout accord "doit inclure des changements structurels réels pour mettre fin aux pratiques commerciales injustes". Mais nombre d'analystes chinois ne croient pas à des avancées rapides.
Dernière interrogation: qui vérifiera que les engagements d'un éventuel accord seront bien respectés? La question n'est pas tranchée, et Pékin se méfie traditionnellement de tout contrôle extérieur.
AFP.