Le Fonds Monétaire International (FMI) a appelé les autorités tunisiennes à une poursuite du resserrement de la politique monétaire en vue de réduire les déséquilibres macroéconomiques persistants.
"Une poursuite du resserrement de la politique monétaire et de l’assouplissement du taux de change seront essentiels pour la réduction des déséquilibres macroéconomiques persistants", lit-on dans un communiqué publié à l'issue de la visite effectuée par une délégation du FMI à Tunis du 26 juillet au 03 août.
Cité par le communiqué, Björn Rother, chef de mission pour la Tunisie au FMI, a souligné qu'il est l'impératif d'adopter des "réformes structurelles ambitieuses", qui seront encore déterminantes dans les efforts que déploie la Tunisie pour assurer une croissance inclusive et un relèvement des niveaux de vie pour l’ensemble de la population. Rother a rappelé que la Banque centrale de Tunisie s’est orientée vers une plus grande flexibilité du taux de change pour aider à aligner le dinar sur ses fondamentaux et maintenir les réserves à un niveau adéquat, précisant qu'un resserrement de la politique monétaire, avec deux augmentations du taux directeur pour le porter à 5% et de nouvelles limites macro-prudentielles, a contribué à modérer l’inflation et à soutenir le dinar. Mais il demande une poursuite du resserrement.
Selon lui, la vigueur de la consommation, impulsée par les augmentations salariales, a des conséquences inflationnistes (l’inflation sous-jacente a grimpé à 5,5% en juin) et entraîne un creusement des déficits budgétaire et extérieur au demeurant déjà élevés.
Cette dynamique, a averti la même source, exerce des pressions à la baisse sur le dinar, rappelant que la dette publique et la dette extérieure se sont hissées respectivement à 65% et 73% du PIB, en juin.
"La lenteur de la création de nouveaux emplois et les débouchés économiques limités continuent d’affecter la population tunisienne", a-t-il mis en garde, estimant qu'il sera primordial d’éviter toute autre détérioration du déficit budgétaire durant cet exercice et de préparer une "loi de finances juste et viable" pour 2018.
La maîtrise de la masse salariale, qui à 14,1% du PIB l’an dernier, était l’une des plus élevées au monde, revêt une importance cruciale, a-t-il encore insisté, avant de plaider pour des ajustements importants en 2017 et 2018 afin de compenser les dérapages et remettre la masse salariale sur une trajectoire lui permettant d’atteindre l’objectif de 12% du PIB en 2020.
Il a de même recommandé la modernisation de la fonction publique, la viabilité du régime de retraite et l’élargissement de l’accès au crédit en vue de doper la croissance, réduire les déséquilibres et dégager des ressources pour financer les investissements prioritaires dans les infrastructures, l’éducation et la santé.
Selon lui, "la mise en place d’une instance anti-corruption efficace permettra d’élargir l’éventail d’instruments à la disposition du gouvernement dans sa lutte contre la corruption et les pratiques commerciales illicites".
La délégation a, par ailleurs, mis l'accent sur la réactivité des autorités tunisiennes aux tensions économiques en augmentant les prix administrés des carburants en juillet et en réduisant les subventions énergétiques inefficientes.