Le Fonds monétaire international (FMI) a lancé mardi un avertissement sévère, affirmant que l’escalade tarifaire imposée par les États-Unis inaugure une nouvelle ère de ralentissement économique mondial, menaçant de remettre en cause des décennies d’intégration économique et de stabilité des marchés.
Depuis janvier, le président Trump a instauré des droits de douane punitifs à des niveaux historiques, provoquant des représailles immédiates de la part des grands partenaires commerciaux et portant les tensions commerciales mondiales à leur plus haut niveau depuis la Grande Dépression. L'institution basée à Washington se montre prudente dans ses dernières prévisions du fait de la "complexité et de la fluidité de l'instant présent".
Symbole de la difficulté de l'exercice, le FMI précise avoir pris en compte les évolutions de droits de douane jusqu'au 4 avril et pas nécessairement l'ensemble des mesures de représailles entre Pékin et Washington.
Le FMI s'attend à ce que la croissance mondiale atteigne 2,8% cette année, une valeur révisée à la baisse de 0,5 point de pourcentage (pp) par rapport à sa précédente estimation, en janvier.
"Nous entrons dans une période où le système économique mondial que nous connaissons depuis 80 ans est réinitialisé (...). Au-delà des droits de douane, l'augmentation de l'incertitude politique autour des échanges commerciaux a un impact majeur sur les perspectives économiques", observe devant la presse le chef-économiste du FMI, Pierre-Olivier Gourinchas.
Les États-Unis figurent parmi les économies les plus vulnérables, avec une croissance attendue à 1,8 % en 2025, contre 2,7 % précédemment. Le Mexique, la Chine et la zone euro en ressentiront également les effets.
Alors que Trump défend ses mesures comme un levier pour relancer l’industrie manufacturière américaine, le FMI souligne que l’automatisation, et non le commerce, est le véritable moteur des pertes d’emplois industriels. L’institution prévient que ces droits de douane nuiront à l’innovation, à la productivité et à la compétitivité américaine à long terme.
Parallèlement, l’inflation devrait s’accélérer, notamment aux États-Unis, limitant les marges de manœuvre de la Réserve fédérale pour ajuster ses taux d’intérêt. Le FMI insiste enfin sur l’importance de préserver l’indépendance des banques centrales et met en garde contre le risque qu’un durcissement supplémentaire des tensions commerciales ou une instabilité prolongée des marchés fragilise le rôle dominant du dollar à l’échelle mondiale.