Mardi 21 Mai 2019

La dette des sociétés n'est pas équivalente à la crise des subprimes

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ATLANTA (Reuters) - Assimiler le gonflement actuel de la dette des entreprises à des niveaux sans précédent aux conditions du marché immobilier américain juste avant que ne se déclenche la crise économique de 2007-2009 n’est pas forcément pertinent, a déclaré le président de la Réserve fédérale.

Pour autant, c’est un phénomène qu’il faut suivre de près, a ajouté Jerome Powell lors d’une conférence lundi sur les marchés financiers à la Réserve d’Atlanta.

La croissance de la dette des entreprises semble conforme à celle de la croissance économique en général, le service de la dette n’est pas lourd et le système financier est mieux à même d’absorber les pertes, c’est pourquoi une telle comparaison n’est pas “totalement convaincante”, a-t-il expliqué.

Mais il y a cependant un manque de clarté relatif aux sources de financement et aux détenteurs finaux de la dette des sociétés et un risque de récession induit par d’éventuelles faillites, a poursuivi Jerome Powell.

“La dette des entreprises a atteint à l’évidence un niveau tel que les entreprises et les investisseurs seraient bien inspirés de se donner le temps de la réflexion”, a dit Jerome Powell.

Le passif des entreprises représente 35% environ de l’actif, un record.

Même si l’accumulation de dette corporate a décéléré ces derniers temps, “tout nouveau coup d’accélérateur (...) exacerberait les points faibles”.

Ceci peut aussi expliquer que la banque centrale hésite peut-être à réduire les taux car cela reviendrait à encourager les entreprises à s’endetter davantage.

Le lourd passif des entreprises, ainsi que la croissance du crédit aux emprunteurs présentant le plus de risques, sont les principales sources d’inquiétude de la Fed depuis quelques mois.

Toutefois, a observé Jerome Powell, le risque lié à la dette des entreprises n’est pas du même ordre que celui du crédit immobilier subprime, qui s’était révélé de nature systémique.

Les comparaisons étaient malgré tout inévitables au vu de l’engouement pour les crédits bancaires aux sociétés titrisés (CLO) mais ces titres sont “bien plus sains que les structures en usage au moment de la bulle du crédit immobilier”.

Le fait que 90 milliards de dollars seulement, sur les quelque 700 milliards que représente le marché des CLO, soient détenus par les grandes banques commerciales est “une bonne nouvelle” car cela veut dire que le risque pour les acteurs clés du système financier est relativement limité.

Le revers de la médaille est que “le financement est pour l’essentiel trouble, extérieur au système bancaire”, a remarqué Jerome Powell. “Les régulateurs, les investisseurs et les acteurs de marché de par le monde gagneraient beaucoup à savoir plus précisément qui est celui qui assume le risque ultime”, a-t-il dit.

Abordant le thème de l’inflation, Jerome Powell a observé que la mondialisation, la technologie et d’autres éléments ont modifié la manière dont l’inflation évolue aux Etats-Unis, un phénomène que la Réserve fédérale s’emploie encore à appréhender.

“La dynamique de l’inflation est très différente de ce qu’elle était voici 25 ans; la mondialisation et la technologie ont peut-être quelque chose à y voir”, a-t-il dit.

La banque centrale s’est fixé en 2012 un objectif d’inflation de 2% et a du mal à saisir pourquoi l’inflation est aussi basse alors que le chômage continue de baisser.

 

Fed

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