LA DEFENSE (Reuters) - Les investisseurs saluent lundi l‘annonce d‘un mariage entre Thales et Gemalto, qui comptent ainsi devenir les leaders du traitement et de la protection des données, le Graal commun des géants de la technologie et des industries comme l‘aérospatiale et la défense.
L’équipementier Thales, qui a présenté dimanche une offre amicale de 4,8 milliards d‘euros sur le spécialiste de la sécurité numérique, supérieure à celle d‘Atos, non sollicitée, s‘adjuge 7,8% à 93,01 euros à la Bourse de Paris à 11h, tandis que la SSII, qui a jeté l’éponge, cède 1,24% à 127 euros.
Gemalto prend 5,49% à 49,405 euros, encore en dessous du prix de 51 euros coupon attaché proposé par Thales, une offre largement au-dessus des 46 euros proposés par Atos.
“En termes d’ADN, les deux entreprises se ressemblent beaucoup plus. Pour l’emploi, c’est beaucoup mieux aussi, ils gardent tous les employés et le prix est meilleur”, a dit Richard-Maxime Beaudoux, analyste chez Bryan Garnier.
Ce n‘est pas qu’un deal financier, au contraire du coup tenté par Atos par opportunisme, a-t-il ajouté.
“Gemalto n‘est pas du tout une opération de diversification pour Thales, c‘est notre jardin”, a souligné le PDG de Thales Patrice Caine aux analystes.
Thales est déjà très présent dans la cybersécurité et les contrats avec les gouvernements, deux activités clés de Gemalto, et les cartes eSIM, des cartes SIM intégrées dans divers appareils connectés comme les drones ou les voitures connectées, fait tout à fait partie de la stratégie de Thales.
L’équipementier a fait savoir qu‘il avait d‘ailleurs l‘intention de conserver toutes les activités de Gemalto, y compris les cartes SIM, répondant à une inquiétude manifestée dimanche par les syndicats du groupe.
Mais le directeur général de Gemalto Philippe Vallée a souligné lundi sur BFM Business que le plan de 288 suppressions de postes en France annoncé fin novembre serait bien réalisé.
Les syndicats ont dit espérer le retrait de ce plan dans le cadre du rachat par Thales, qui s‘est engagé à donner accès aux salariés de Gemalto concernés à ses plans de mobilité interne et à préserver l’emploi dans les activités françaises de Gemalto au moins jusqu’à fin 2019.
Thales, qui estime avec Gemalto pouvoir devenir le numéro deux mondial de la cybersécurité avec 4,2 milliards de dollars (3,6 milliards d‘euros) de chiffre d‘affaires, juste derrière l‘américain Symantec, n‘anticipe pas de problème antitrust majeur ni de difficultés concernant les autorisations liées aux investissements étrangers aux Etats-Unis (CFIUS).
Thales a multiplié les acquisitions aux Etats-Unis ces dernières années, afin de se renforcer dans la connectivité avec LiveTV, dans la protection des données avec Vormetric, et dans le “big data” avec Guavus.
La relution du bénéfice par action approcherait 25% en prenant en compte les synergies tirées du rachat de Gemalto, a estimé le directeur financier de Thales Pascal Bouchiat.
Il a dit n‘entrevoir de possibles “synergies négatives” et problèmes antitrust que dans l‘activité de sécurité des entreprises, mais dans une mesure limitée.
Dassault Aviation, premier actionnaire industriel de Thales avec 25%, prend 2,29% en Bourse à 1.333,25 euros, tandis que Worldline, division de paiement cotée d‘Atos, s‘adjuge 6,33% 40,405 euros, les analystes ayant craint qu‘elle ne soit cannibalisée par une acquisition de Gemalto par sa maison mère.