LONDRES (Reuters) - La Banque d‘Angleterre (BoE) ne devrait pas relever ses taux avant le mois de novembre au plus tôt en dépit d‘une inflation supérieure à son objectif et d‘un marché du travail toujours dynamique, prévoient des économistes interrogés par Reuters.
La banque centrale britannique attendra surtout de voir comment se déroulent les négociations sur la sortie de la Grande-Bretagne de l‘Union européenne, qui doit intervenir en mars 2019.
Les économistes interrogés attribuent une probabilité de 20% à une sortie sans accord, en légère baisse par rapport à celle de 25% qui ressortait de l‘enquête réalisée en décembre.
Ils continuent d‘estimer que ce scénario serait le pire pour l’économie britannique et la livre sterling, qui a perdu jusqu’à 20% de sa valeur en raison du vote en faveur du Brexit avant de remonter. La devise britannique affiche désormais un repli d‘environ 7% face au dollar depuis juin 2016.
“Au vu de l‘incertitude persistante entourant les discussions sur le Brexit, la BoE pourrait souhaiter éviter des changements majeurs sur l‘inflation qui orienteraient les marchés sur une trajectoire de taux sensiblement différente”, a dit Victoria Clarke d‘Investec.
“L‘environnement actuel se prête bien à une approche étape par étape de la politique.”
La BoE a relevé son principal taux directeur de 25 points de base à 0,50% en novembre et aucun des 75 économistes interrogés ne s‘attend à un mouvement sur les taux lors de sa prochaine réunion de politique monétaire, le 8 février, qui verra la publication de ses prévisions actualisées de croissance et d‘inflation.
La BoE a “largement le temps” d‘envisager de relever les taux à nouveau, a dit lundi Silvana Tenreyo, membre du comité de politique monétaire depuis juillet dernier. Elle a dit s‘attendre à ce que quelques hausses supplémentaires soient nécessaires au cours des trois prochaines années.
Une nouvelle hausse de taux de 25 points de base interviendra dans le courant du quatrième trimestre de cette année, selon la médiane des prévisions des économistes interrogés, 34 sur 71 estimant toutefois que la BoE s‘en tiendra au statu quo cette année.
Le relèvement suivant, là encore de 25 points de base, n‘interviendrait pas avant la fin 2019.
La récession redoutée après le vote en faveur du Brexit ne s‘est pas produite et l’économie britannique s‘est mieux comportée qu‘attendu.
La croissance de l’économie devrait avoir atteint 1,6% en 2017, selon la médiane des prévisions contre 1,2% attendu en début d‘année dernière. Elle fléchirait légèrement à 1,4% cette année et s’établirait à 1,5% en 2019. Les économistes interrogés n‘attribuent qu‘une probabilité de 15% à un basculement en récession cette année, en recul par rapport à décembre (20%).
L‘inflation qui est ressortie à 3% en rythme annuel en décembre, sensiblement au-dessus de l‘objectif de 2% de la BoE, devrait ralentir à 2,5% en moyenne cette année et 2,2% en 2019, selon la médiane des prévisions.
“Il convient de rappeler que la poussée d‘inflation en 2017 résultait presque intégralement de la chute de la livre qui a suivi le vote en faveur du Brexit”, a dit James Smith d‘ING.