FRANCFORT (Reuters) - Les taux d’intérêt dans la zone euro resteront à leurs niveaux actuels aussi longtemps que nécessaire pour assurer la remontée de l’inflation, et les indications données par la Banque centrale européenne en la matière ne doivent pas être perçues comme définitives, ont jugé les responsables de la BCE lors de leur dernière réunion de politique monétaire, le 14 juin.
La BCE a annoncé à l’issue de ce conseil des gouverneurs que les taux ne bougeraient pas “jusqu’à l’été” 2019. Elle a aussi annoncé la fin de ses rachats nets d’actifs à la fin de l’année.
Les responsables de l’institut de Francfort ont néanmoins tenu à souligner que les taux n’évolueraient qu’à la condition que l’inflation dans la zone euro continue de remonter vers l’objectif d’une hausse des prix légèrement inférieure à 2%, montre le compte-rendu de cette réunion publié jeudi.
“Il a été jugé que le caractère non définitif de la composante dépendante de la conjoncture (dans les indications) devrait être souligné, avec des taux directeurs dont il est anticipé qu’ils resteront à leurs niveaux actuels aussi longtemps que nécessaire pour garantir (...) un ajustement durable de la trajectoire d’inflation”, est-il écrit dans ces minutes.
Malgré cette précaution, les responsables de la BCE ont estimé que les progrès en matière de redressement de l’inflation étaient substantiels et ils ont exprimé leur confiance dans le fait que la hausse des prix continuait de se rapprocher de leur objectif.
Les marchés financiers n’ont pas réagi à la publication de ces “minutes”.
La formule vague (“through the summer” dans le texte original anglais) choisie pour évoquer l’horizon de maintien des taux à leurs niveaux actuels, dont les traductions française et allemande, entre autres, ont été modifiées après la réunion du 14 juin, peut couvrir les quatre réunions de politique monétaire du deuxième semestre de l’année prochaine.
Les marchés parient actuellement sur une première hausse de taux en octobre 2019 mais les anticipations n’ont cessé de varier ces dernières semaines, ce qui illustre l’incertitude entourant l’évolution de la politique de la BCE.
Avec une inflation en hausse et une croissance économique apparemment solide en zone euro, les responsables de la BCE ont décidé le 14 juin de réduire de moitié, à 15 milliards d’euros par mois à partir d’octobre, les rachats nets d’actifs et ils prévoient de les arrêter complètement à la fin de l’année.
Ce programme sans précédent destiné à soutenir l’activité et l’inflation aura alors atteint quelque 2.600 milliards d’euros.
Ils ont néanmoins jugé prudent de faire dépendre l’arrêt de ce programme des indicateurs macroéconomiques à venir.
“Il y a eu une mise en garde largement partagée sur le fait qu’il y avait des signes montrant que le ralentissement identifié au premier trimestre allait probablement se prolonger au deuxième trimestre dans un certain nombre de pays et impliquerait des risques baissiers à court terme”, précise le compte rendu de la BCE.
Les tensions commerciales dans le monde pourraient rapidement avoir des conséquences sur les échanges extérieurs et sur la croissance mais aussi sur la volatilité des marchés, juge la BCE.
“Dans ce contexte, les risques associés à une volatilité accrue sur les marchés financiers mondiaux ont aussi été soulignés de manière plus large”, est-il écrit dans les “minutes”.