FRANCFORT (Reuters) - La Banque centrale européenne (BCE) est disposée à repousser encore un premier relèvement de ses taux d’intérêt si nécessaire et elle peut envisager des mesures permettant d’atténuer les effets secondaires indésirables des taux négatifs, a déclaré mercredi son président, Mario Draghi.
Confrontée au ralentissement de la croissance et de l’inflation, la BCE a annoncé le 7 mars, à l’issue de sa dernière réunion de politique monétaire, de nouvelles opérations d’injection de liquidités à long terme aux banques de la zone euro (TLTRO) et elle a reporté à 2020 au plus tôt une hausse de taux alors qu’elle évoquait auparavant le second semestre de cette année.
"Tout comme nous l'avons fait lors de notre réunion de mars, nous ferons en sorte que la politique monétaire continue d'accompagner l'économie en ajustant nos indications sur la trajectoire future des taux (forward guidance) pour refléter les nouvelles perspectives d'inflation", a dit Mario Draghi dans un discours here~2b454e4326.en.html prononcé lors d'un colloque à Francfort.
Il a ajouté que les modalités des nouvelles opérations de refinancement à plus long terme ciblées, les TLTRO, seraient définies en prenant en compte l’évolution de la situation économique.
"Les TLTRO sont un outil flexible avec un certain nombre de paramètres qui peuvent être calibrés de manière à répondre aux besoins de la politique monétaire à un moment donné", a dit here~bf08da5340.en.html par la suite Peter Praet, l'économiste en chef de la BCE.
Répondant indirectement aux banques qui se plaignent de l’impact défavorable des taux d’intérêt sur le crédit bancaire, Mario Draghi a déclaré que la BCE étudierait la nécessité de mesures compensatoires, tout en mettant en doute l’existence d’un lien mécanique entre taux négatifs et dégradation de la rentabilité du secteur.
“Si nécessaire, nous devrons réfléchir à la possibilité de mesures permettant de préserver les implications favorables des taux négatifs sur l’économie tout en atténuant leurs effets secondaires”, a-t-il dit.
“Ceci dit, une rentabilité faible des banques n’est pas une conséquence inévitable des taux négatifs.”
Certaines banques du nord de l’Europe ont plaidé en faveur d’un taux de dépôt variable par paliers, ce qui limiterait les coûts supplémentaires du maintien de liquidités excédentaires.
Le taux de la facilité de dépôt de la BCE est actuellement de -0,4%, un taux négatif par le biais duquel l’institution encaisse plus de sept milliards d’euros par an d’intérêts versés par les banques sur les liquidités excédentaires qu’elles déposent à la banque centrale.
Peter Praet avait déjà évoqué auparavant la possibilité d’un taux de dépôt progressif par paliers mais l’idée n’a pas encore été débattue en Conseil des gouverneurs.
Les déclarations de Mario Draghi ont brièvement soutenu le secteur bancaire en Bourse mercredi, l’indice Stoxx du secteur gagnant jusqu’à 0,7% en matinée. Mais il était revenu à l’équilibre à 11h00 GMT, un repli provoqué par une nouvelle baisse des rendements des emprunts d’Etat, celui du Bund allemand à dix ans ayant touché un nouveau plus bas de plus de deux ans à -0,062%.