La flambée des prix en zone euro, accentuée par la guerre en Ukraine, est "très proche" de connaître un pic avant un reflux attendu en seconde partie d'année, a estimé jeudi Luis de Guindos, vice-président de la Banque centrale européenne.
"Mon évaluation est que nous sommes très proches du pic et que nous commencerons à voir l'inflation baisser au second semestre", a déclaré le responsable lors d'une audition devant le Parlement européen à Bruxelles.
Néanmoins, "l'inflation sera élevée même au dernier trimestre de l'année", l'institut la voyant encore supérieure à 4%, a ajouté le banquier central.
Dans la zone euro, l'inflation a atteint le record de 7,5% en mars, bien au-dessus de l'objectif de 2% visé par la BCE à moyen terme et censé refléter la stabilité des prix.
Dans les dernière prévisions d'inflation publiées en mars, les gardiens de l'euro tablent sur un taux moyen de 5,1% en 2022, selon un scénario dit de "base" qui n'intègre pas une réduction, voire un arrêt, de l'approvisionnement en gaz russe avec ses conséquences dévastatrices pour la production en Europe.
Un tel cas, non évoqué jeudi par M. de Guindos, provoquerait de fait une hausse supplémentaire des coûts de l'énergie, qui comptent déjà pour moitié dans la flambée actuelle de l'inflation.
Cela porterait l'inflation moyenne à 7,1% en 2022, prévoyait la BCE en mars. Un nouveau jeu de prévisions sera publié en juin, au moment de fixer le cap de la politique monétaire.
L'institut estime que le recours progressif à d'autres sources d'énergie, comme s'y prépare l'Allemagne, très dépendante du gaz russe, va faire retomber les tensions sur les prix.
A l'avenir, la BCE va surtout surveiller "les effets de second tour" en termes de spirales prix-salaires qui seront "déterminants" sur le niveau attendu d'inflation, selon M. de Guinos.
"Jusqu'à présent, nous n'avons pas vu une telle dynamique salariale" avec des augmentations négociées qualifiées de "prudentes" et "tout à fait compatibles avec l'objectif de stabilité des prix".