Les onze banques cotées à la bourse de Nairobi (Nairobi Securities Exchange, NSE) ont connu cette année un premier trimestre "difficile", au moment où presque tous ces établissements ont enregistré un résultat net par action négatif, commentent des analystes kényans, à la suite de la publication des performances financières sur la période sous revue.
En moyenne, l'indicateur d'activité de prêts et de profitabilité a reculé de 8,6% pour la période s'achevant au 31 mars 2017, contre une progression de 13,6% à la même période de l'année précédente, selon des données fournies par ces analystes, et relayées par des médias.
Cette contreperformance est attribuée à la loi sur l’encadrement des taux applicables par les banques, estime-t-on. Le dispositif juridique, entré en vigueur depuis mi-2016, fixe un plancher pour la rémunération des dépôts et un plafond pour les intérêts à percevoir sur les prêts accordés à la clientèle.
Les autorités kényanes avaient défendu cette loi, soutenant qu’elle sera une solution au faible taux d’accès au crédit au Kenya, notamment pour les petites et moyennes entreprises (PME). Elles envisageaient qu’en limitant les taux, la demande de crédit serait facilitée et les remboursements moins contraignants.
Au premier trimestre 2017, seuls les dépôts de la clientèle ont enregistré une hausse (11,7%), comparé à la même période de 2016.
L'encours des créances douteuses accumulées par ces banques a connu une réelle hausse passant à 11,6% à fin mars 2017, contre 8,1% une année auparavant.
Selon les analystes, cela a contraint à réduire la valeur créée pour les investisseurs, notamment du fait des provisions pour risque de non remboursement, de 47,2% à 51,2%.
En plus de ces défis de conjoncture, les banques cotées à la bourse, comme toutes les banques commerciales de ce pays, font face à un recours de l’administration en charge des recettes fiscales.
Le fisc a opéré un redressement de près de 4,6 milliards de shillings (environ 46 millions de dollars) pour le non-paiement des taxes sur les frais perçus à l’occasion des études de dossiers de prêts. Une action qui en rajoute à la colère des banques, qui reprochent aux autorités concernées de "les empêcher de se rémunérer normalement pour le niveau de risque pris avec leurs clients".
Une étude visant à évaluer les premiers impacts sur l'économie kényane de la loi plafonnant les taux d’intérêts appliqués aux prêts bancaires, neuf mois après son entrée en vigueur, est en cours de réalisation, selon la Banque centrale (CBK).
L'enquête sera menée conjointement par la CBK et l'Association des acteurs du secteur bancaire kényan, souligne-t-on de même source.
Cette étude intervient alors que la quasi-totalité des banques cotées sur le NSE ont annoncé la baisse de leurs revenus d'intérêts au cours de l’exercice 2016 après l’entrée en vigueur de cette loi plafonnant les taux d’intérêt bancaires à 4% au-dessus du taux indicatif de la CBK.