Pas de hausse des taux, pour la première fois depuis mars 2022: la banque centrale américaine (Fed) pourrait annoncer mercredi une pause dans ses relèvements du loyer de l'argent, une hypothèse largement soutenue par la forte baisse de l'inflation.
"Les taux d'inflation restent élevés mais le ralentissement modéré donne à la Fed la possibilité de suspendre ses hausses de taux", analyse Kathy Bostjancic, cheffe économiste pour la compagnie d'assurances Nationwide.
La réunion du comité de politique monétaire de la Fed (FOMC) a débuté mardi matin, deux heures après la publication des derniers chiffres de l'inflation.
Et cela pourrait peser lourd dans la balance, car les prix à la consommation ont fortement ralenti en mai leur vertigineuse escalade, à 4,0% sur un an contre encore 4,9% le mois précédent, selon l'indice CPI, soit le plus bas niveau depuis mars 2021.
L'inflation est désormais deux fois moins élevée qu'en juin 2022, lorsque le pic de 9,1% avait été atteint.
Cela reste bien supérieur aux 2,0% visés par la Fed, à la manoeuvre pour éteindre cette flambée des prix, mais l'institution commence à entrevoir son objectif.
Après dix hausses d'affilée, de cinq points de pourcentage au total --qui ont porté son principal taux directeur dans la fourchette de 5,00 à 5,25%--, plusieurs de ses responsables se sont montrés favorables à une pause.
Cela "permettrait d'observer plus de données avant de prendre des décisions sur l'ampleur" des hausses encore nécessaires, a notamment expliqué Philip Jefferson, l'un des gouverneurs de la Fed, et bientôt vice-président si le Sénat confirme sa nomination.
Et aussi d'éviter de trop peser sur la consommation et sur l'investissement, donc sur l'activité économique. Surtout, d'éviter une récession.
La majeure partie des acteurs du marché pense désormais que la Fed marquera une pause, selon l'évaluation de CME Group.
Pour les consommateurs, la bonne nouvelle serait double: des prix qui grimpent moins fortement et des crédits bancaires plus abordables.
"Cependant, si les données économiques continuent de surprendre à la hausse et que l'inflation reste forte, la porte est ouverte pour une nouvelle hausse des taux dans les mois à venir --dès juillet" lors de la réunion suivante, avertit néanmoins Kathy Bostjancic.
La Fed privilégie une autre mesure de l'inflation, l'indice PCE dont les données pour mai seront publiées fin juin et qui était reparti à la hausse en avril, à 4,4% sur un an.
Sur le marché du travail, les pénuries de main d'oeuvre perdurent bien que la situation s'améliore.
Les créations d'emplois en mai ont été très supérieures aux prévisions mais le taux de chômage a grimpé plus qu'anticipé, à 3,7%. Et les inscriptions hebdomadaires au chômage étaient début juin au plus haut depuis octobre 2021.
Les chiffres de l'inflation, du marché du travail ainsi que les conditions du crédit "détermineront si le FOMC a fini d'augmenter les taux ou si un resserrement supplémentaire est nécessaire", relève Rubeela Farooqi, cheffe économiste pour HFE.
Elle anticipe cependant un maintien des "taux au niveau actuel, au moins jusqu'à la fin de l'année".
Les responsables de la Fed actualiseront par ailleurs leurs prévisions, datant de mars, en matière de croissance du produit intérieur brut (PIB), de chômage, d'inflation. Et ils diront jusqu'où ils anticipent de faire grimper les taux.