Un plan de développement économique et social proposé par le parti au pouvoir en Afrique du Sud, l’ANC, ne cesse de susciter des interrogations au sujet de sa viabilité, certains analystes y voyant «un simple slogan populiste qui n’apporte aucune solution réelle aux problèmes du pays».
Ce plan, dit de transformation économique radical défendu par le président Jacob Zuma, vise, selon les affirmations de ses concepteurs, à promouvoir une plus grande inclusion économique et encourager la participation des Noirs dans l’économie.
Des responsables de l’ANC ont récemment exprimé des reproches au sujet du timing choisi par la direction du parti de mettre sur la table ce projet à l’approche du congrès du parti, prévu en décembre prochain, qui sera notamment marqué par l’élection d’un nouveau chef pour remplacer M. Zuma.
Jeudi, l’Institut de recherche sur les affaires publiques est allé plus loin pour taxer le plan de l’ANC de «tentative de maquiller des pratiques illicites dont la corruption rampante».
Dans un rapport de 72 pages, l’institut souligne que le plan «n’a aucune chance de concrétisation», relevant que les objectifs qu’y sont fixés étaient «contraires aux dispositions de la Constitution» sud-africaine.
Sous le titre «Trahison de la promesse: Comment la nation a été volée», le rapport revient sur l’influence de plus en plus grande qu’exerce les Gupta, une famille de richissimes hommes d’affaires d’origine indienne, sur les différents appareils de l’Etat.
Revenant sur le plan de la transformation économique radicale, l’institut note qu’il s’agit d’«un projet politique destiné à gérer la symbiose entre l’Etat constitutionnel et l’Etat de l’ombre».
L’institut met en avant, dans ce contexte, les pratiques de clientélisme qui font ravage dans les grandes compagnies publiques, devenues, selon les auteurs du rapport, «un exemple frappant de la corruption qui ronge le pays».
Le président Zuma avait affirmé, lors des célébrations du 105è anniversaire de l’ANC en janvier dernier, que l’économie sud-africaine avait besoin d’une transformation radicale pour réduire des inégalités devenues tellement criardes dans le pays 23 ans après la fin du régime de la ségrégation raciale et l’avènement de la démocratie.
«La transformation économique radicale reste au cœur de notre stratégie économique», avait dit M. Zuma, soulignant que «des mesures plus décisives seront prises pour promouvoir une plus grande inclusion économique et un véritable leadership de l’économie par les Noirs».
Le président sud-africain a proposé ce plan à un moment où il fait face à une contestation de plus en plus évidente en raison des scandales politiques et financiers dans lesquels il s’est embourbé.
Nombreux sont les analystes qui ont vu en le plan de transformation radicale «une rhétorique vide» qui ne réussira pas, selon eux, à convaincre une société gangrénée par un chômage qui affecte près de 10 millions de personnes.
L’ancien ministre des Finances, Pravin Gordhan, limogé en mars dernier par M. Zuma dans un remaniement ministériel très controversé, est l’un des principaux détracteurs du plan que promeut le gouvernement de l’ANC.
«La transformation économique radicale est devenue un slogan populiste utile», a-t-il dit, soulignant qu’une transformation réelle passe par un changement économique capable de renforcer la justice sociale.
Réagissant à ces critiques, le président Zuma a récemment soutenu que le plan défendu par l’ANC «est loin d’être un ensemble de mesures vagues».
«Une transformation socio-économique radicale signifie un changement fondamental dans les structures, les systèmes et la gestion de l’économie au profit des Sud-Africains, en particulier les pauvres», a-t-il dit