L’Afrique du Sud, pays plombé par une grave crise économique, a décidé de faire de la stimulation de la croissance économique «une priorité urgente» afin d’éviter une nouvelle dégradation fatale de sa note souveraine.
«Nous avons décidé de faire de la réalisation d’une croissance inclusive une priorité urgente», a dit mardi le ministre des Finances Malusi Gigaba, dans sa première intervention devant le parlement sud-africain depuis sa nomination au poste dans le cadre d’un remaniement ministériel très controversé initié par le président Jacob Zuma en mars dernier.
«Nous allons faire de notre mieux pour éviter une nouvelle dégradation de la note souveraine de notre pays», a dit Gigaba, qui occupait le poste de ministre de l’Intérieur avant le remaniement.
La crise économique dans laquelle l’Afrique du Sud s’enfonce suscite de profondes préoccupations dans les milieux des opérateurs économiques et autres spécialistes de cette région d’Afrique australe, surtout après l’abaissement en avril dernier de la note souveraine du pays par l’agence de notation Standard & Poor’s (S&P).
Cette note en catégorie spéculative est passée de «BBB» à «BB+», une démarche motivée par le limogeage du très respecté ministre des Finances Pravin Gordhan.
La nouvelle note accordée par l’agence est assortie d’une perspective «négative», S&P jugeant que le risque politique devrait rester élevé en 2017 et que «des changements politiques sont probables, qui pourraient porter atteinte à la situation budgétaire et à la croissance plus fortement que ce que nous prévoyons actuellement».
Dans la foulée, Moody’s, l’autre importante agence de notation, a placé la note de l’Afrique du Sud sous surveillance, justifiant elle aussi sa décision par les changements au sein du gouvernement.
Pour remettre le pays sur les rails d’une croissance soutenue, le gouvernement du président Zuma compte aller de l’avant dans la mise en œuvre de sa politique de transformation économique radicale, a dit le ministre des Finances, soulignant que les discussions sur cette politique ne doivent pas susciter de craintes.
Les milieux économiques, dans ce pays où l’économie est toujours contrôlée par la minorité blanche plus de 20 ans après la fin du régime de la ségrégation raciale, apartheid, craignent cette politique défendue par le président Zuma.
Par cette politique, le gouvernement de l’ANC souhaite réduire les écarts sociaux toujours criants dans le pays.
«Dans notre pays, 10 pc de la population s’accaparent 42 pc de la richesse», a dit Gigaba devant le parlement, dont le siège se trouve dans la ville côtière du Cap.
«C’est cette situation intenable qui doit nous interpeller», a dit l’argentier sud-africain, relevant que «les niveaux intenables d’inégalité dans notre société est notre problème majeur»A