PARIS (Reuters) - Les principaux indices boursiers américains ont fini en ordre dispersé lundi mais c’est bien la baisse qui a dominé la tendance, la crainte de voir les géants du numérique visés par des enquêtes antitrust aux Etats-Unis ayant étouffé les velléités du rebond du début de séance en s’ajoutant à des indicateurs économiques inférieurs aux attentes.
L’indice Dow Jones, qui a oscillé tout au long de la journée entre positif et négatif, grappille en clôture 4,74 points, soit 0,02%, à 24.819,78 mais le Standard & Poor’s 500, plus large, a cédé 7,61 points, soit 0,28%, à 2.744,45 et le Nasdaq Composite a reculé de 120,13 points, soit 1,61%, à 7.333,02.
Le Nasdaq confirme ainsi son entrée en correction puisque son repli depuis son record de clôture du 3 mai dépasse désormais 10%.
“Le Nasdaq est maintenant à peu près là où l’on se trouvait au plus bas en mars. C’est un niveau important à tenir. Si on tombe en dessous, la baisse va se poursuivre. Demain sera une journée importante pour voir si la tendance reste orientée à la baisse”, estime Bucky Hellwig, vice-président senior de BB&T Wealth Management.
Les volumes d’échanges ont atteint 8,34 milliards d’actions, contre 7,11 milliards en moyenne sur les 20 dernières séances.
Le début de séance a été hésitant, les investisseurs ne sachant quelle position adopter dans l’attente des prochains développements du conflit commercial entre les Etats-Unis et la Chine d’une part, les Etats-Unis et le Mexique d’autre part.
Mais l’ambiance s’est ensuite dégradée avec la publication par le Wall Street Journal d’un article selon lequel la Federal Trade Commission (FTC) a obtenu le droit d’étudier les pratiques commerciales de Facebook et son impact sur la concurrence, puis les informations de Reuters selon lesquelles la justice américaine serait chargée de conduire une éventuelle enquête sur Apple.
La répartition des tâches entre la justice et la FTC concernerait aussi Amazon et Alphabet, la maison mère de Google.
Facebook a perdu jusqu’à 9,3% et cédait 7,51% en clôture tandis qu’Alphabet abandonnait 6,12%, Amazon 4,64% et Apple 1,01%.
L’indice NYSE FANG+TM qui regroupe ces quatre groupes et d’autres valeurs vedettes de la “tech”, a cédé 3,54% sur la journée, son recul le plus marqué en pourcentage depuis le 13 mai.
Le S&P des services de communication, qui inclut Alphabet et Facebook, a reculé de 2,8%, la plus mauvaise performance des 11 grands secteurs du S&P.
Sur le front des tensions commerciales, FedEx a abandonné 1,26%; le géant de la messagerie express et de la logistique pourrait être visé par une enquête officielle en Chine pour atteinte aux droits et aux intérêts de ses clients, après avoir été accusé par Huawei d’avoir fait transiter sans raison valable des colis par les Etats-Unis.
A la hausse, Amgen a pris 3,4% après avoir publié des résultats positifs d’essais d’un nouveau traitement des cancers du colon et du poumon.
Aux fusions-acquisitions, Cypress Semiconductor a bondi de 23,85% après l’annonce d’un accord sur son rachat par l’allemand Infineon. Ce dernier a cédé 8,05% à Francfort, certains analystes jugeant le montant de l’offre trop élevé.
L’assureur santé Humana a gagné 2,23% après avoir dit renoncer à une offre sur Centene, qui a cédé 10,27%.
Aux Etats-Unis, la croissance de l’activité manufacturière a encore décéléré en mai selon l’enquête mensuelle de l’Institute for Supply Management (ISM): l’indice ISM manufacturier est ressorti à 52,1 le mois dernier, au plus bas depuis octobre 2016, contre 52,8 en avril. Les économistes interrogés par Reuters attendaient en moyenne une légère remontée à 53,0.
L’indice PMI Markit manufacturier, lui, est tombé à 50,5 en mai, au plus bas depuis septembre 2009.
Par ailleurs; les dépenses de construction sont restées inchangées en avril mais cette stabilité globale occulte des situations très variables du secteur de l’immobilier puisque l’investissement dans le secteur public a bondi, tandis que l’immobilier résidentiel accusait un quatrième mois de contraction de l’activité.
Les principales places européennes ont terminé la journée dans le vert grâce à la bonne tenue de Wall Street en début de séance et au soutien des valeurs défensives.
Ces deux facteurs ont plus que compensé l’impact négatif des indices PMI manufacturiers européens, qui reflètent un quatrième mois consécutif de contraction pour le secteur.
À Paris, le CAC 40 a terminé en hausse de 0,65% à 5.241,46 points. Le Footsie britannique a pris 0,32% et le Dax allemand 0,56%.
L’indice EuroStoxx 50 a avancé de 0,60%, le FTSEurofirst 300 de 0,43% et le Stoxx 600 de 0,39%, démarrant ainsi le mois de juin sur un meilleur pied après avoir subi en mai leur plus forte baisse mensuelle depuis janvier 2016.
Les rendements des emprunts d’Etat américains sont tombés à de nouveaux plus bas de près de deux ans, un mouvement favorisé par le climat général d’aversion au risque mais aussi par les déclarations de James Bullard, le président de la Fed de St. Louis, jugeant qu’une baisse de taux pourrait “bientôt” se justifier.
En fin de séance, celui des Treasuries à dix ans cédait plus de sept points de base à 2,0693% après être revenu à 2,061%, au plus bas depuis septembre 2017.
Le rendement à deux ans perdait plus de dix points à 1,8337%, après avoir chuté jusqu’à 1,812%, au plus bas depuis décembre 2017.
En Europe, le rendement du Bund allemand à dix ans a inscrit un nouveau plus bas historique à -0,219% et l’écart entre les rendements à deux et dix ans est tombé à son plus bas niveau depuis août 2016.
Déjà pénalisé par les indicateurs du jour, le dollar a creusé ses pertes après les déclarations de James Bullard sur la possibilité d’une prochaine hausse de taux.
En fin de séance, l’”indice dollar”, qui mesure les fluctuations du billet vert face à un panier de devises de référence, reculait de 0,52%. Le billet vert a touché en séance son plus bas niveau depuis cinq mois face au yen.
L’euro en a profité pour remonter jusqu’à 1,1262 dollar, son meilleur niveau depuis le 13 mai, avant de revenir vers 1,1240.
Les cours du pétrole ont poursuivi leur baisse, les craintes de voir les conflits commerciaux ouverts par les Etats-Unis peser sur la demande l’ayant emporté sur les déclarations de l’Arabie saoudite augurant d’une prolongation des réductions de production de l’Opep.
Le contrat juillet sur le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) a perdu 25 cents, soit 0,47%, à 53,25 dollars le baril, portant à plus de 10,7% sa baisse sur les quatre dernières séances.
Le Brent a cédé 71 cents (-1,15%) à 61,28 dollars. En quatre séances, il a chuté de plus de 13%.
Le ministre saoudien de l’Energie, Khalid al Falih, a déclaré, selon un quotidien en langue arabe, que l’Opep et ses alliés, dont la Russie feraient “ce qu’il faudra pour assurer la stabilité du marché au-delà de juin”.