La Banque d'Angleterre a relevé ses taux de 0,25 point de pourcentage jeudi, à un sommet depuis début 2008 à 5,25%, pour lutter contre l'inflation qu'elle prévoit plus persistante, malgré son recul sur les derniers mois.
"Certains indicateurs cruciaux, notamment les hausses de salaire, suggèrent que des pressions inflationnistes plus persistantes se matérialisent. Le Comité (de politique monétaire, ou MPC) a décidé lors de cette réunion de monter ses taux" pour la 14e fois consécutive, justifie la banque centrale dans les minutes de sa réunion.
La Banque d'Angleterre opte pour une hausse de même ampleur que celles de la Réserve fédérale américaine (Fed) et de la Banque centrale européenne (BCE) fin juillet, même si l'autorité monétaire britannique revoit légèrement à la hausse ses prévisions d'inflation à plus long terme: à 2,5% en 2024 et à 1,5% en 2025.
Selon les dernières données disponibles, l'inflation reste à 7,9% sur un an en juin au Royaume-Uni, la plus élevée des pays riches du G7 malgré un ralentissement marqué, alimentant une crise du coût de la vie au Royaume-Uni.
"L'inflation recule et c'est une bonne nouvelle. Nous savons que l'inflation affecte le plus directement les moins riches et nous devons nous assurer qu'elle recule à notre objectif de 2%", résume le patron de la BoE Andrew Bailey dans un communiqué.
Les prix des biens et des matières premières, notamment de l'énergie, ont fait s'envoler l'inflation après les chocs successifs du Brexit, du Covid-19 puis de l'invasion russe de l'Ukraine, mais c'est désormais l'inflation générée au sein même du Royaume-Uni qui inquiète la banque centrale.
Critiquée pour avoir sous-estimée l'ampleur de ces chocs, la BoE assure avoir revu ses projections par rapport à son dernier rapport en mai pour "intégrer certains des risques à la hausse pour l'inflation, sur les prix locaux et les salaires".
La banque centrale assume "une politique monétaire restrictive", qui pèse sur la croissance, et promet que "le MPC s'assurera que le taux bancaire restera suffisamment restrictif assez longtemps" pour faire flancher l'inflation.
Ce poids sur l'économie ne devrait pas faire plonger le Royaume-Uni dans la récession, estime la BoE, mais la banque centrale prévoit désormais une croissance atone de 0,5% en 2024 et de 0,25% en 2025, moins bien que ses projections déjà moroses de mai (à 0,75% en 2024 et 0,75% en 2025).
Les hausses des taux minent en effet le pouvoir d'emprunt des ménages comme des entreprises. Et les emprunts immobiliers n'étant pas fixés sur le long terme au Royaume-Uni, de nombreux propriétaires voient leurs taux grimper.
Mercredi, le Premier ministre Rishi Sunak a apporté son soutien à la banque centrale : "C'est l'inflation qui créée des problèmes sur les factures, et c'est l'inflation qui fait que la Banque d'Angleterre doit relever ses taux", a-t-il justifié.
En accédant au pouvoir, il avait promis que l'inflation, alors à deux chiffres, serait divisée par deux avant fin 2023, ce qui devrait être le cas selon les projections de la BoE.
"Mais cela ne signifie pas que c'est facile pour les familles confrontées à des mensualités plus élevées sur leurs prêts immobiliers, nous continuerons donc à faire ce que nous pouvons pour aider les ménages", a assuré jeudi le ministre des Finances, Jeremy Hunt, dans un communiqué.
La stratégie de la banque centrale divise pourtant au sein même du MPC: deux de ses neuf membres souhaitaient remonter les taux de 0,5 point de pourcentage, et un votant voulait laisser les taux inchangés pour éviter de plomber l'économie.
Pour les partisans d'une politique plus dure, "il était important de contrer avec plus de vigueur la persistance de l'inflation, souvent sous-estimée par nos prévisions", expliquent-ils dans les minutes de la réunion.
Au contraire, "les risques d'un resserrement trop marqué augmentent", notamment car les effets des hausses des taux mettent du temps à se répercuter sur l'économie réelle, s'inquiète l'unique votante pour maintenir les taux inchangés.
La banque centrale n'a pas amendé son message et prévient toujours que, "s'il y a des preuves de pressions inflationnistes persistantes, plus de resserrement de la politique monétaire serait nécessaire".