EMISSION DU 12/16 - par bourse news

Snep : Une décennie face au «raid» du PVC américain

 

  • Dès 2009, les effets du dumping américain ont lourdement pesé sur Snep.

  • Son directeur général commente la reconduction des mesures anti-dumping.

 

C’est en 2012 que tout a commencé. A cette date, le département du commerce extérieur (DCE), relevant du ministère de l’Industrie, avait initié une enquête antidumping concernant les importations de polychlorure de vinyle (PVC) originaires des Etats-Unis. A l’origine de la requête, la Société nationale d’électrolyse et de pétrochimie (Snep), seul producteur national de PVC, qui subissait de plein fouet les déséquilibres sur le marché international et la pression sur les prix qu'ils engendraient. Le DCE avait à l'époque déterminé à titre provisoire que les exportations vers le Maroc de PVC originaire des Etats-Unis se font à des prix de dumping dont la marge varie entre 25,4% et 63,9%.

Des prix anticoncurrentiels qui ont fait sombrer la profitabilité de Snep durant plusieurs années. Les signes de détérioration des indicateurs économiques et financiers de la filiale de Ynna Holding sont apparus dès 2009 avec une aggravation de la situation au 1er semestre 2012. "Ces contreperformances de l’industrie nationale coïncidaient avec l’accroissement des importations originaires des Etats-Unis réalisées à des prix anormalement bas qui ont eu lieu à partir de 2009", disait la DCE dans son rapport. 

Grâce à ce coup de pouce de l’Etat, en instaurant des mesures de sauvegarde de 5 ans (à compter du 27 décembre 2013), Snep était finalement sortie de crise. Ses bénéfices ont retrouvé des niveaux normatifs jusqu’en 2018.

Acte II

Snep revient à la charge en demandant un réexamen de la reconduction du droit antidumping sur les importations de PVC en septembre 2018. Car, malgré l’instauration de mesures de sauvegarde, Snep n’a pas pu dégager de bénéfices sur les ventes de PVC au cours de la période 2014-2018. Les ventes de PVC ont toujours été effectuées à des prix inférieurs aux coûts de revient, ce qui n’a pas permis à la Snep de couvrir ses charges d’exploitation relatives à la production et aux ventes de PVC. La société a d’ailleurs réalisé des ventes de PVC à perte durant toute la période d’application de la mesure et l’amélioration des ventes en volume constatée en 2016 et 2018 n’a pas généré de bénéfices. L'activité durant cette période était tirée par l'autre métier de Snep, la Soude. 

Le constat fait par la tutelle au terme de l’enquête est clair : "Durant la période allant de 2014 à 2018, malgré les efforts déployés par la Snep pour améliorer certains de ses indicateurs, sa situation restait très fragile et risquait de s’aggraver davantage avec le retour des flux d’importations de PVC en dumping des USA, si le droit antidumping en vigueur est supprimé". C'est ainsi qu'après une enquête qui a duré une année, le ministère a décidé en décembre 2019 de reconduire les mesures antidpuming pour une durée de  5 ans. 

«le Maroc est loin d’être un cas isolé en matière de défense contre les pratiques anti-concurrentielles»

 

Contacté à ce sujet, Rachid Mohammadi, Directeur général de la filiale de Ynna Holding, trouve cette protection légitime «le Maroc est loin d’être un cas isolé en matière de défense contre les pratiques anti-concurrentielles. Durant les dernières années, plusieurs pays ont eu recours à ces mesures légitimes pour la protection de leurs industries nationales. L’Organisation mondiale du commerce a enregistré plusieurs cas de non-respect des standards de commerce international, notamment en matière de tarification». Et d’ajouter qu’«à travers l’avis rendu le 9 décembre, le ministère de l’Industrie, du Commerce, de l’Economie verte et numérique confirme la présence d’un ensemble de conditions justifiant la prorogation de la période d’application du droit antidumping en vigueur sur les importations de PVC en provenance des Etats-Unis d’Amérique. Avec cette mesure, le marché national de PVC sera approvisionné dans des conditions qui respectent les règles du commerce international».

Investissements maintenus 

Depuis sa privatisation, pas moins de 1,4 Md de DH ont été investis pour le développement des capacités de production de Snep. Plus récemment, le programme d’investissement annoncé et engagé par la société lui permettra à terme (S2-2022) d’atteindre une capacité de production annuelle de 120 KT de PVC et 115 KT de soude avec comme objectif d’atteindre un Chiffre d'affaires de 1,7 Md de DH en 2024 (933 MDH en 2018). 

Snep compte également exporter 20% de sa production de PVC et de Soude en Europe méditerranéenne (Espagne, Portugal), en Turquie et vers les pays de la CEDEAO.

Point sur l’activité

A fin septembre 2019, Snep a amélioré son chiffre d'affaires sur 9 mois, marquant une hausse de 1,2% par rapport à la même période en 2018. La hausse est de 5,1% sur le troisième trimestre isolé. Invité à commenter l'activité, le DG déclare qu’«en effet, durant le troisième trimestre de cette année, SNEP a réalisé une performance commerciale encourageante tout en maîtrisant son endettement et en poursuivant les investissements liés à son plan de développement. Notre activité durant les derniers mois de l’année se poursuit dans des conditions normales». 

 

 

Y.S

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