Les taux des actifs sans risque servent généralement de boussole pour les autres marchés financiers, c’est pourquoi il convient d’analyser leur comportement en cette période difficile et éprouvante.
Sous le signe de la résilience, l’exécution de la loi de finance 2022 laisse ressortir au terme des neufs premiers mois de l’année un déficit limité à -8,5 Md MAD, soit un allégement de 77% par rapport à la même période de l’année précédente. L’explication trouve ses racines principalement dans l’orientation favorable des recettes fiscales qui ont augmenté de +20% pour atteindre environ 199 Md MAD, ce qui résulte de l’amélioration des recettes de l’IS et de la TVA de +43% et +20% respectivement.
Bien que la lecture de ces chiffres soit relativement rassurante, les finances publiques restent sous pression au regard de la trajectoire du marché obligataire. La hausse des taux continue de s’accentuer semaine après semaine, situation qui s’explique par plusieurs facteurs : d’abord la conjoncture économique défavorable qui laisse planer un flou chez les investisseurs, lesquels sont amenés à augmenter leur exigence de rentabilité pour faire face au risque croissant.
Une autre raison expliquant cette hausse des taux c’est l’expectative du marché de la poursuite du resserrement monétaire par la banque centrale avec l’anticipation d’un nouveau relèvement du taux directeur en décembre prochain de +50 pbs.
Dans cette même lignée, la pression sur les taux obligataires risque de s’intensifier davantage avec la tombée importante en décembre d’un eurobond libellé en dollar d’un montant de 1,5 Md USD, laquelle sera fort probablement refinancée via le marché intérieur des adjudications (ou via d’autres mécanismes comme le recours à la LPL ou aux DTS) sans faire de sortie au marché international des obligations souveraines en raison du durcissement des conditions de financement à l’international consécutivement à l’accélération de l’inflation.
Avant de finir, il y a lieu de rappeler la sensibilité de la hausse des taux des actifs sans risque et les implications que cela risque d’induire. Le renchérissement du coût de la dette pour l’argentier du Royaume et la création d’un effet d’éviction pour l’économie en sont des exemples !