Bank Al-Maghrib a annoncé une nouvelle hausse de son taux directeur portant le taux à 3%. Cette décision a été prise dans le but central de contrer l'inflation qui a été alimentée par la hausse des prix des produits alimentaires. Cependant, la question qui s'impose est de savoir si cette décision est justifiée, étant donné que l'économie nationale est déjà sous pression.
En effet, le Maroc fait face à une conjoncture économique difficile, avec une sécheresse qui affecte la production agricole, une source importante de revenus pour le pays. La sécheresse a également entraîné une hausse des prix des produits alimentaires, ce qui a eu un impact direct sur l'inflation.
Dans ce contexte, une hausse du taux directeur risque de renforcer la pression sur l'économie nationale en freinant la croissance économique et en augmentant le coût du crédit pour les entreprises et les ménages.
En outre, le contexte mondial n'est pas favorable, avec des risques géopolitiques importants, notamment l'enlisement du conflit en Ukraine, qui risque d'avoir des répercussions sur l'économie mondiale. Cette situation affecte les perspectives économiques du Maroc et complique les efforts visant à renforcer la stabilité financière.
Hausse des taux: une nécessité pour le Dirham
Bank Al-Maghrib a suivi ses homologues européennes et américaines pour protéger ses réserves en devises face à une désynchronisation des politiques monétaires. En effet, la Banque Centrale Européenne a procédé à un sixième relèvement de ses taux directeurs le 16 mars dernier, portant le taux de refinancement de 3% à 3,50%. La banque centrale américaine (Fed) devait en faire de même avant de se rétracter et ne relever son taux que d'un quart de point de pourcentage mercredi, portant le principal taux directeur de la Fed à un niveau compris entre 4,75% et 5,00%, soit le plus haut niveau depuis 2006. Le président de la Fed, Jerome Powell, a souligné que la décision a été prise après une longue réflexion pour trouver un compromis entre une forte hausse des taux et une pause qui pourrait aggraver les difficultés des banques. Face à cette tendance mondiale à la hausse des taux directeurs, BAM se trouve obligé de suivre le mouvement pour protéger ses réserves en devises.
En Europe et aux Etats-Unis, les pics de l'inflation ont été constatés cet été. Mais ce n'est pas encore le cas au Maroc avec, en février 2023, un IPC en hausse de 10,1%, selon le Haut-commissariat au Plan. Les effets de base devraient probablement générer un ralentissement de l'inflation à partir d'avril -mai.