L'industrie de la gestion d'actifs s'agrandit et s'attend à ce que 2020 soit une année de renouveau. Les boutiques de gestion se tournent toutes vers une autre classe d'actifs, loin des marchés financiers, celle des OPCI. Cela leur permettra de diversifier leur carte, pour celles qui choisiront ce format, tout en générant des frais de gestion additionnels. Car la pierre-papier, tout le monde veut y avoir sa part, à commencer par les banques. Une rapide prise de pouls auprès des opérateurs nous montre que le modèle répandu consiste à rattacher la société de gestion ou future société de gestion d'OPCI aux activités de financement et pas forcément à la jambe d'investissement, alors que chez les boutiques indépendantes de gestion, l'offre OPCI se construit comme un nouveau service de gestion à valeur ajoutée.
Ces produits apporteront une nouvelle dimension aux métiers de l'Asset management en 2020, alors que les institutionnels seront les premiers à en bénéficier pour la diversification de leurs placements. L'acceptation de ces instruments en couverture des réserves des assurances est actée et permettra aux compagnies d'investir pleinement dans le secteur et le doper dès son lancement. Les OPCI, c'est la grande tendance émergente en 2020.
ETF's : De l'espoir pour 2020
Attendue depuis au moins une décennie, la cotation des fonds indiciels (ETF's) est désormais possible grâce au nouveau règlement général de la Bourse de Casablanca qui a d’ores et déjà créé un espace pour la cotation de ces fonds. Mais une dernière étape est nécessaire pour la mise en place de ces produits. Il s'agit de l'amendement de la loi sur les OPCVM pour permettre justement à un OPCVM d'être listé sur le marché boursier. Les opérateurs espèrent que ce texte quittera le circuit législatif en 2020 pour être adopté dès cette année. Certaines sociétés de gestion ont bien fait murir leur future offre et n'attendent que cette étape pour franchir le pas. Dans le milieu de la gestion, les ETF's ressortent comme l'une des priorités majeures à court et moyen terme. Ils offriront une diversification inégalée aux investisseurs de toutes tailles.
Externalisation des fonds des institutionnels : La tendance s'accélère
Episodique ou véritable décision stratégique de gestion financière, le transfert d'actifs des investisseurs institutionnels vers les OPCVM s'est accéléré durant la deuxième moitié de 2019. Les caisses de retraite ont lancé plusieurs appels d'offres durant le dernier trimestre de 2019, dépassant les 15 Mds de dirhams, principalement vers des fonds diversifiés. Cette externalisation est à proprement parler une délégation de la gestion financière, offrant aux institutionnels plus de marge de manœuvre dans la gestion de leurs ressources par rapport à une gestion directe trop influencée par les contraintes réglementaires. Les professionnels sont unanimes : cette tendance à l'externalisation de la gestion des fonds des institutionnels vers les OPCVM va s'accélérer en 2020. De quoi dynamiser un peu plus le marché actions, puisque le but de ce procédé est d'apporter du dynamisme aux portefeuilles dormants des institutionnels, sans toucher leur allocation stratégique.
Année de l'épargne
La collecte des produits d'épargne proposés par les compagnies d'assurances a connu un bond remarquable en 2019, avec une hausse de plus de 53% sur les 8 premiers mois de l'année. La collecte des contrats en unité de compte se démarque par rapport aux autres produits, avec des encours qui progressent plus vite que le reste des produits (+130% sur un an). Les professionnels s'attendent à ce que cette tendance s'accélère en 2020. Puisqu'avec la baisse des rendements des produits classiques basés sur les taux, l'alternative idéale vient des contrats en unité de compte qui permettent un investissement multi-supports, avec une dose de risque adaptée au profil de l'épargnant.
L'épargne, dans toutes ses formes, devrait également profiter de l'impact de la contribution libératoire introduite dans la Loi de Finances 2020. Ce type de disposition s'est toujours traduit par des afflux de liquidités sur les produits de placement, et notamment les OPCVM. Les boutiques de gestion arrimées aux banques seront les premières à profiter de ce gâteau exceptionnel. La bataille est déjà lancée. Le relèvement du plafond du Plan d'épargne en Actions (PEA) et du Plan d'épargne entreprises (PEE) de 600.000 DH à 2 MDH tombe à point nommé pour capter les effets de la contribution libératoire. Parallèlement, les banques n'hésiteront pas à conseiller à leur clients fortunés de souscrire et de loger leurs parts d'OPCVM éligibles dans les PEA.
Si les sociétés de gestion ont fait preuve d'ingénierie ces dernières années, en lançant des fonds à thématiques utiles et originaux, la problématique de la distribution reste posée. Le réseau est particulièrement étroit et profite en premier aux sociétés de gestion filiales de banques. Le grand public est peu et mal informé de l'offre existante. Le concept de fonds de fonds et les ETF's peuvent apporter des solutions réelles à la distribution alors que le développement d'une offre de conseil financier indépendante, professionnelle et pertinente peut aider à la démocratisation de ces produits auprès du grand public.
A.H