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Alors que le financement bancaire reste le principal moteur de l’investissement privé au Maroc, les marchés financiers peinent encore à s’imposer comme alternative viable, notamment pour les PME et startups. C’est ce qui ressort des débats tenus jeudi à Rabat lors d'une conférence sur le thème "Financement de l’Investissement : Quels mécanismes pour quels besoins ?". Les intervenants ont plaidé pour une dynamisation des marchés de capitaux afin de diversifier les sources de financement des entreprises.
Tarik Senhaji, Directeur Général de la Bourse des Valeurs de Casablanca, a mis en avant le poids encore prédominant du crédit bancaire dans le financement des entreprises marocaines. « L’investissement privé repose encore majoritairement sur le crédit bancaire, alors que la Bourse pourrait jouer un rôle plus important », a-t-il affirmé, soulignant les efforts entrepris ces dernières années pour renforcer l’attractivité du marché financier.
L’enjeu est double : instaurer une véritable culture boursière au sein des PME et restaurer la confiance des investisseurs dans ce segment de marché. Un défi de taille dans un contexte où le nombre d’introductions en Bourse reste limité et où l’accès aux financements alternatifs demeure contraint par des exigences structurelles.
Le rôle clé de l’investissement privé
Pour Mehdi Tazi, vice-président de la CGEM, l’investissement privé suit une dynamique positive, avec un volume de 320 milliards de dirhams engagés entre 2022 et aujourd’hui, sur un objectif de 550 milliards d’ici 2026. Cependant, la part de l’investissement privé dans l’ensemble des investissements nationaux reste en deçà des ambitions affichées. Actuellement à 40 %, elle doit atteindre 60 % pour inverser la tendance historique dominée par l’investissement public.
Ali Seddiki, Directeur Général de l’AMDIE, a pour sa part souligné l’impact de la Charte d’Investissement qui a multiplié par quatre les investissements accompagnés par rapport aux dispositifs précédents. « Avec 191 projets totalisant près de 326 milliards de dirhams, cette charte a joué un rôle catalyseur en renforçant la confiance du secteur privé », a-t-il déclaré, insistant sur son impact au-delà des grandes entreprises.
Un modèle de financement en mutation
Hassan Laaziri, président de l'AMIC, a mis en avant l'évolution du financement bancaire dans un contexte de transition vers un modèle de capitalisme plus ouvert. « Les entreprises accédant aux marchés financiers sont généralement plus structurées, avec une gouvernance plus transparente », a-t-il expliqué, notant que cette évolution est soutenue par des politiques fiscales incitant à plus de transparence.
Selon lui, la complémentarité entre financement bancaire et marchés de capitaux est essentielle pour accélérer le financement des entreprises marocaines. Il a insisté sur l’importance de développer des instruments financiers diversifiés, notamment des fonds de dette, pour soutenir les PME tout en équilibrant dette et fonds propres dans leurs stratégies de croissance.
Un environnement institutionnel en renforcement
Pour Youssef Rouissi, Directeur Général Délégué d'Attijariwafa bank, la stabilité de l'investissement national repose sur un cadre institutionnel robuste et des dynamiques favorables. Il a notamment mis en avant les efforts de simplification administrative et de digitalisation, qui facilitent l'accès aux financements et renforcent l'attractivité du Maroc comme plateforme régionale d’investissement.
Toutefois, il a appelé à une accélération de l’investissement privé dans des secteurs stratégiques, tels que l’énergie et l’automobile, pour renforcer leur intégration dans de nouveaux écosystèmes.
Organisée par l’Ecole Nationale Supérieure de l’Administration en partenariat avec l’Ordre des experts-comptables, cette conférence a rassemblé décideurs publics, acteurs du secteur privé, universitaires et experts pour esquisser les contours d’une stratégie plus inclusive et efficace du financement de l’investissement.