Selon les statistiques monétaires publiées par Bank Al-Maghrib à fin mai 2022, le portefeuille des créances en souffrance détenu par les banques de la place dépasse 87 milliards de DH. La hausse est de 3,1% par rapport à l’encours de janvier 2022, et de 5,7% par rapport à mai 2021.
Sur l’encours total, et en glissement annuel, les créances en souffrance ont augmenté pour les ménages de 3,5% à plus de 36 milliards de DH. Chez les entreprises, l'évolution est beaucoup plus marquée : les sociétés financières affichent une variation négative (-68,5%%) sur les créances en souffrance, qui se chiffrent à 203 MDH alors que les sociétés non-financières privées affichent une hausse de 7,5% pour un encours de 50 milliards de DH.
Dans ces conditions, le taux de sinistralité (créances en souffrance rapporté au crédit bancaire) ressort à 8,9% à fin mai 2022.
Il faut dire que le niveau des créances en souffrance est intimement lié à l’environnement économique. Un contexte actuellement morose marqué par une inflation galopante (conséquence de la guerre en Ukraine de la reprise de la demande mondiale), une sortie de crise en demi-teinte pour certains secteurs, un allongement des délais de paiement, des défaillances des entreprises au moment où l’aggravation de la sinistralité sur les secteurs les plus sensibles n’arrangent pas les choses.
Jusqu’à maintenant, la mise en place d’un marché secondaire s'impose comme l’unique solution pour libérer les bilans des banques des prêts non performants. Il est à noter que la Banque centrale se penche sur un projet de marché secondaire des créances en souffrance qui se fait toujours attendre. L’objectif étant d’alléger les bilans des banques pour rétablir leur capacité à financer proprement l’économie.
Notons que le crédit bancaire au secteur non financier et les créances nettes sur l’Administration centrale ont vu leurs rythmes s’accélérer, respectivement à 3,9% après 3,2% et à 20,1% après 16,5%. L’évolution des concours au secteur non financier recouvre une accélération, de 5,6% à 6,4%, de la croissance des prêts aux sociétés privées, une atténuation de la baisse, de 16,6% à 10,2%, des crédits aux sociétés non financières publiques et une quasi-stagnation des crédits aux ménages à 3,3%.
La ventilation par objet économique des crédits alloués au secteur non financier fait ressortir une hausse des facilités de trésorerie de 12,2% après 9,4%, des crédits immobiliers de 2% après 2,3% et de ceux à la consommation de 3,3% contre 2,3% ainsi qu’une stagnation de la baisse des prêts à l’équipement à 2,6%.