Dans un contexte marqué par l’érosion du pouvoir d’achat et la hausse fulgurante des prix des matériaux de construction, les constructeurs et les promoteurs immobiliers ont entamé l’année 2022 avec énormément de contraintes.
Après la tension sur la trésorerie causée par l’étalement de la crise sanitaire qui vient après plusieurs exercices de léthargie économique, la pression sur la chaîne d’approvisionnement et sur les prix en 2022 risque d’accentuer la crise pour les constructeurs et promoteurs immobiliers. Ainsi, la demande adressée aux producteurs des matériaux de construction devrait être naturellement revue à la baisse.
Force est de constater que le cumul des ventes de ciment (les sept premiers mois de chaque année) à fin juillet 2022 s’affiche à son plus bas niveau depuis mai 2006 (en excluant 2020).
«Dans ce contexte, le gouvernement a fait preuve d’engagement à aider les acteurs du BTP via ses commandes publiques, à travers une circulaire du chef de gouvernement, publiée le 18 avril 2022, qui consiste en 8 mesures, telles que la possibilité de prolongement du délai d’exécution jusqu’à 6 mois, la restitution des pénalités de retard encaissées dans le cadre des marchés en cours, etc.», expliquent les stratégistes de Valoris Securities dans une note de recherche.
Outre les mesures de l’Etat, Valoris Securties estime que le secteur dispose d’un ensemble de leviers de croissance qui pourrait permettre aux sociétés d’améliorer leurs réalisations commerciales et rattraper le choc de mars 2022.
Ils citent en premier le maintien des investissements publics. En effet, le taux de réalisation des investissements est de 56,6% à fin juillet, selon le ministère des Finances, soit à un niveau normal (2021 : 57,8% ; 2020 : 50,7%).
Le projet de la voie Dakhla-Agadir, le port Dakhla Atlantique, ainsi que le développement des infrastructures des provinces sahariennes, pourraient également constituer un réel levier de croissance pour les sociétés de matériaux de construction (notamment LafargeHolcim suite à l’ouverture de son usine à Agadir), ainsi que pour les constructeurs qui bénéficieraient des chantiers dans cette zone géographique.
L’autre levier a trait au renforcement des revenus à l’export des sociétés du BTP (biens & services), en s’appuyant sur l’expertise métier et sur leur compétitivité.
Pour rappel, précise-t-on dans la note, plusieurs sociétés du secteur réalisent déjà un chiffre d’affaires à l’export. Ainsi, vu le réseau commercial déjà préétabli de plusieurs entreprises marocaines de BTP, et les nouveaux investissements des fabricants de matériaux (exemple : l’usine de LafargeHolcim à Agadir), la collaboration entre les différents opérateurs (constructeurs, fabricants de matériaux, et même promoteurs immobiliers) devrait être un bon outil pour renforcer la présence de la marque «Maroc» en Afrique subsaharienne.
Pour les analystes du bureau, d’autres fabricants pourraient même doper leur compétitivité par des exportations à destination de l’Europe à travers la décarbonation des produits (ex : Sonasid).
Y.Seddik