Week-end de grande affluence chez les banques, la Direction générale des impôts et la TGR qui assurent toutes une permanence exceptionnelle pour accueillir les retardataires des amnisties fiscales lancées dans le cadre de la Loi de Finances 2024.
Ces mesures concernent les avoirs détenus à l’étranger ainsi que les actifs non déclarés au Maroc, et particulièrement le cash thésaurisé dans les foyers et les entreprises. Et bien que les résultats définitifs de ces opérations restent à confirmer- plusieurs banques consultées au moment de la rédaction de cet article estiment qu'il est encore tôt pour se prononcer - des premières tendances permettent d’anticiper des effets notables sur le système bancaire et les marchés de capitaux avec une bonne influence samedi dans de grandes villes comme Casablanca, Tanger et les régions du Gharb et du Souss, selon plusieurs banques interrogées. Les mises en garde du ministre délégué chargé du Budget et les influenceurs qui se sont emparés du sujet avec une exactitude qui laisse parfois à désirer, contribuent aussi à cet élan de dernière minute.
Les deux dispositifs visent à régulariser des situations fiscales en échange d’une contribution libératoire. L’amnistie sur les avoirs étrangers s’adresse aux Marocains résidant fiscalement au pays, ainsi qu’aux entreprises marocaines, et concerne divers actifs tels que biens immobiliers, actifs financiers et liquidités. De son côté, l’amnistie locale couvre les revenus non déclarés générant des avoirs et financements, incluant dépôts bancaires, mais surtout les billets de banque, biens immobiliers non professionnels, les avances en comptes courants d'associés ou en compte de l'exploitant et des prêts accordés aux tiers.
Les taux de contribution varient selon les catégories d’avoirs et l’historique de régularisation des contribuables, avec des avantages fiscaux incitatifs pour les nouveaux déclarants, notamment un taux de 5% libératoire pour la deuxième amnistie.
L’amnistie locale, en particulier, devrait renforcer les liquidités bancaires dès les prochains jours. Les dépôts effectués dans ce cadre permettront de réduire le besoin en liquidité des banques, un problème chronique qui s’est intensifié ces dernières années. En 2024, ce déficit a atteint des niveaux record, avec une moyenne hebdomadaire de 138,8 milliards de dirhams en octobre et novembre à cause de l'hémorragie de cash en circulation. Bank Al-Maghrib a dû colmater les brèches en augmentant ses injections pour compenser cette pression. Selon les professionnels, les nouvelles liquidités issues de l’amnistie devraient offrir un répit immédiat, diminuant les besoins de refinancement à court terme et stabilisant partiellement le marché monétaire.
Une impulsion pour le marché des capitaux
Sur un horizon moyen terme de quelques semaines, les liquidités nouvellement injectées dans le système bancaire pourraient se transformer en épargne investie sur les marchés financiers. Les professionnels anticipent une orientation vers des placements fiscalement avantageux, notamment l’assurance vie et les OPCVM (organismes de placement collectif en valeurs mobilières) dans le cadre des contrats en Unités de Comptes.
Ce mouvement pourrait entraîner une augmentation des souscriptions sur le marché obligataire et des injections de liquidités sur le marché boursier, plus ou moins visibles, dépendamment du montant collecté dans les amnisties.
Du côté de l'Etat, l'impôt collecté viendrait également améliorer la situation du Trésor et réduire d'autant ses besoins de financement sur le marché.
In fine, les chiffres finaux détermineront l’ampleur réelle de ces impacts. Au-delà des liquidités et des placements, cette régularisation pourrait également contribuer à élargir l’assiette fiscale et à renforcer la transparence financière à plus long terme, deux leviers essentiels pour l’attractivité de l'économie marocaine et son efficience.