Abdellatif Jouahri avait évoqué dès le mois de décembre le possible recours à cette ligne de crédit modulable une fois le Maroc en dehors de la liste grise du FMI. C’est chose faite puisque dans la soirée du 6 mars, le FMI a fait savoir qu'une demande a été formulée par le Maroc pour cette ligne de crédit à hauteur de 5 Mds de dollars. La directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva, a l'intention de recommander l'approbation de l'accord LCM pour le Maroc lorsque le Conseil d'administration du FMI se réunira à nouveau pour prendre une décision dans les semaines à venir.
«Ce mécanisme de financement est réputé pour sa souplesse et assure aux pays admissibles l'accès immédiat à un montant élevé de ressources du FMI sans conditionnalité continue», avait expliqué Abdellatif Jouahri lors du point de presse à l'issue de la 4ème et dernière réunion trimestrielle de 2022 de BAM.
A qui s’adresse la LCM ?
La ligne de crédit modulable a été conçue pour répondre à la demande de financement émanant de pays qui présentent une politique et des antécédents économiques très solides pour prévenir et résoudre des crises.
À ce jour, cinq pays ont fait appel à la LCM (le Chili, la Colombie, le Mexique, le Pérou et la Pologne). Aucun d’entre eux n’a encore effectué de tirage sur sa ligne de crédit, mais la LCM a fourni à ces pays une garantie précieuse et a aidé à renforcer la confiance des marchés en période d’accentuation des risques. Le marché financier, aussi bien local que les investisseurs étrangers devront saluer l’accès du Maroc à cette ligne de trésorerie.
Les avantages de la LCM
Les pays admissibles bénéficient de la souplesse de pouvoir effectuer un tirage sur la ligne de crédit à tout moment pendant une période déterminée, ou de la considérer comme un dispositif de précaution. La LCM assure aux pays admissibles l’accès immédiat à un montant élevé de ressources du FMI sans conditionnalité continue, grâce à la solidité de leur politique économique. L’accord au titre de la LCM fournit une ligne de crédit reconductible d’une durée initiale d’un ou deux ans.
Dans le cadre d’un accord biennal au titre de la LCM, le Conseil d'administration du FMI doit conclure la revue des mesures prises par le pays membre dans les 12 mois qui suivent l’approbation de l’accord, pour que le pays membre puisse maintenir son accès aux ressources du FMI la deuxième année. La revue détermine si le pays membre continue de respecter les critères d’admissibilité.
Comment c’est remboursé ?
Lorsqu’un pays décide de tirer sur la ligne de crédit, le remboursement doit être effectué sur une période allant de 3 ans et un trimestre à 5 ans. Le montant d’accès aux ressources du FMI n’est pas plafonné et le besoin de financement est évalué au cas par cas, selon les besoins actuels ou éventuels du pays membre au titre de la balance des paiements.
Quel coût ?
Le coût de l’emprunt au titre de la LCM est identique à celui de l’accord de confirmation traditionnel du FMI et de la ligne de précaution et de liquidité (LPL).
Des critères d'accessibilité stricts
Outre l’évaluation très positive des politiques menées par le pays lors des plus récentes consultations au titre de l’article IV, les critères d’admissibilité d’un pays à la LCM sont les suivants :
• Viabilité de sa situation extérieure;
• Compte de capital dominé par des flux de capitaux privés;
• Antécédents d’accès continu aux marchés de capitaux internationaux à des conditions favorables;
• Au moment de la demande d’un accord à titre de précaution, position des réserves qui, en dépit des problèmes éventuels de financement de la balance des paiements qui justifient une aide du FMI, reste relativement satisfaisante;
• Santé des finances publiques, et notamment viabilité de la dette publique; • Inflation maintenue faible et stable grâce à une saine politique monétaire et de change;
• Système financier sain et absence de problèmes de solvabilité qui pourraient menacer la stabilité du système;
• Contrôle efficace du secteur financier;
• Intégrité et transparence des données statistiques.