Le 26 juin, une succession de communiqués, d'abord de Accor puis de Risma, ont annoncé un désengagement du groupe français du capital de l'opérateur touristique marocain au profit de Mutris, une société d'investissement pilotée par Mugest, un véhicule détenu par Adil Douiri et que l'on retrouve dans les autres entreprises dirigées par l'homme d'affaires marocain.
Le deal consiste en la reprise des 33% détenus par Accor dans Risma par Mutris au prix de 130 DH/action. «Mutris est un fonds qui réunit un tour de table d'investisseurs, essentiellement des Family office (personnes physiques fortunées), et dont l'objectif est de porter cette participation minoritaire dans Risma», nous explique Adil Douiri.
Et si l'ex-ministre du tourisme s'intéresse à Risma, c'est parce qu'il connaît bien le dossier. Il en est l’administrateur depuis plusieurs années et lorsque Accor a décidé, dans le cadre de sa stratégie mondiale Asset Light, de se soulager des murs tout en renforçant sa présence dans le Royaume, les autres actionnaires ne pouvaient pas saisir l'occasion, au risque de se retrouver majoritaires, ce qui ne correspond pas à leur profil, surtout qu'à ce stade, Risma ne distribue pas encore de dividendes, ce qui est particulièrement important pour les institutionnels. «J'ai alors proposé de monter un tour de table, ce qui a été positivement accueilli par l'ensemble des actionnaires", se félicite Adil Douiri.
Discipline financière et meilleur accès aux ressources
L'information a été applaudie sur le marché boursier, les gestionnaires d'actifs estimant que la touche Adil Douiri sera visible dans l'actionnariat de Risma. Des éléments que nous confirme le principal concerné : «Nous voulons faire grandir Risma car nous faisons confiance à ses fondamentaux, ses perspectives futures et celles du tourisme marocain. Nous souhaitons, en tant qu'investisseur financier, apporter une plus grande discipline financière, améliorer la communication avec le marché et l'accès aux ressources pour accélérer le développement du groupe qui, désormais, pourra aussi bien s'appuyer sur l'enseigne Accor que sur d'autres enseignes".
Lire également : Risma : Après la pandémie, le réveil accéléré
«Risma est une entreprise cotée et cela lui permet d'avoir accès à des ressources financières importantes», insiste celui qui a su mettre à profit le marché des capitaux pour le développement d'entreprises comme Immorente, Mutandis et bientôt CFG Bank dont l'IPO est dans les plans. Aradei Capital avec laquelle la galaxie Adil Douiri partage des liens capitalistiques est aussi un modèle de croissance basé sur l'accès aux ressources marché. Des modèles tous appréciés par les investisseurs qualifiés.
Accor ne quitte pas le Maroc et compte sur Risma
En réorganisant capitalistiquement sa présence au Maroc, le Groupe Accor poursuit la simplification de ses participations minoritaires déjà engagée ailleurs dans le monde avec la cession des titres Orbis (Pologne) en 2020 et H World Group (Chine) en 2023. Au Maroc, et à travers sa filiale marocaine AGM, Accor poursuit son déploiement avec de nouvelles ouvertures et une croissance à deux chiffres. "AGM est en plein Boom au Maroc", nous dit Adil Douiri.
AGM devrait d'ailleurs cohabiter avec Risma. «Les deux entités peuvent cohabiter et se développer ensemble», nous dit Adil Douiri, qui insiste sur le fait que l’opération n’aura aucun impact sur les accords contractuels en cours entre Accor et Risma qui demeurent inchangés.
Dans le futur, Risma est plus disposée à investir dans le développement d'unité hôtelières en mobilisant plus de ressources grâce à son nouveau tour de table constitué exclusivement d'acteurs financiers, ce qui permettrait à Accor de croître dans le cadre dans le respect de sa stratégie financière Asset Light.