En plus du risque de taux -principal risque de marché supporté par les banques-, l’agence new-yorkaise a mis le curseur sur celui de change. Elle explique en effet que le Groupe Attijariwafa bank est structurellement exposé au risque de volatilité des taux de change du fait de ses investissements dans des filiales africaines. C'est également le cas pour le Groupe BCP, bien que ses filiales internationales soient plus petites par rapport à la taille du Groupe.
«Les fluctuations des taux de change peuvent avoir des impacts sur les autres éléments du résultat global, ce qui peut affecter par conséquent les capitaux propres», lit-on dans le rapport. Le groupe Bank of Africa fait, quant à lui, l’exception. Toujours selon Fitch, les filiales de BOA sont détenues par l'intermédiaire d'une société holding basée au Luxembourg.
Les investissements de BOA dans ses filiales sont réalisés en euros. Résultats : les fluctuations du taux EUR/MAD ne sont pas significatives et cela explique pourquoi les effets de conversion sont plus faibles chez BOA que chez AWB. Le CIH et les banques à capitaux français opèrent exclusivement au Maroc et ne supportent aucun risque de change. En clair, les banques ne sont pas toutes logées à la même enseigne en matière de risque de change.
Pressions sur les banques de détail
Fitch considère le segment de banque de détail comme l'un des pôles bancaires les plus vulnérables, compte tenu du taux de chômage élevé (12,8% au S1-2021) et de la pression soutenue sur les revenus des ménages.
D'ailleurs, le stock de prêts dépréciés des ménages a augmenté de 4,7 milliards de DH en 2020 (la plus forte augmentation annuelle depuis 2014). Le wali de Bank Al-Maghrib, Abdellatif Jouahri, avait fait état lors de la conférence suivant le dernier Conseil, de 17 milliards de DH de créances en souffrance en 2020 et 2021. En cela, «nous nous attendons à ce que l'impact économique de la pandémie persiste audelà de 2021 et que cela continue de peser sur la qualité des portefeuilles des banques de détails», apprend-on du rapport.
L'exposition du secteur bancaire à l'immobilier est également importante, principalement au travers des crédits directs à l'habitat (fin avril 2021 : 24% des crédits du secteur) et indirectement sous forme de collatéral. En général, les provisions pour dépréciation des créances ont consommé en moyenne 62% des bénéfices d'exploitation des banques en 2020 (25% en 2019).
L'augmentation a été particulièrement élevée chez CIH Bank, où les provisions ont consommé 94% du résultat d’exploitation. La banque est plus exposée que ses pairs sur les crédits aux ménages et aux promoteurs immobiliers, qui sont tous les deux vulnérables aux conditions économiques difficiles actuelles. «Nous prévoyons des provisions en légère baisse en 2021, ce qui réduira la pression sur les indicateurs de rentabilité», estime Fitch.
Retour à la rentabilité avant-Covid : pas avant 2022
Pour l’agence, Attijariwafa bank est la plus performante en termes de bénéfices en raison de la baisse des provisions. Cela est expliqué par son portefeuille de prêts, qui est fortement orienté vers les grandes entreprises et les prêts au secteur public où les défauts de paiement ont tendance à être plus faibles. Concernant la marge nette d'intérêts du secteur, celle-ci est restée globalement stable au cours des quatre dernières années, à environ 3,3%.
La BMCI et la SGMB affichent régulièrement des marges légèrement supérieures, reflétant la baisse des coûts de financement. Fitch s'attend à ce que les indicateurs de profitabilité se redressent lentement en 2021, avec une accélération des recouvrements compensant une nouvelle augmentation des prêts douteux. «Cependant, le retour à la rentabilité d'avant la pandémie est peu probable avant 2022», jugent les analystes de Fitch Ratings.