La reprise économique tant espérée après la crise sanitaire a été compromise par le retour des tensions inflationnistes et la sécheresse. Désormais, les différentes institutions nationales et internationales tablent sur une croissance du PIB entre 0,7% et 1,1%.
La lenteur de la reprise se reflète également sur le financement de l’économie avec un rythme de la production des prêts bancaires en décélération. Dans la dernière livraison des statistiques monétaires, Bank Al-Maghrib fait état d’une progression du crédit bancaire au secteur non financier, en glissement annuel, limitée à 2,9%, après 3,3% un mois auparavant.
On constate également que si les crédits à la consommation ont remonté la pente après avoir longuement souffert des conséquences de la crise sanitaire, ceux destinés à l’habitat et l’équipement sont toujours en berne. Ces derniers qui financent l’acquisition de biens et de matériels utilisés par les entreprises dans l’exploitation, et nous renseignent donc sur le dynamisme de l’investissement, ont évolué en territoire négatif depuis novembre 2020. Avec 175 milliards de DH, cette ligne représente 18% du total de l’encours et baisse de 2,7% à fin mars 2022 en rythme annuel.
Force est de constater que cette décrue ne traduit pas forcément la baisse de l’effort d’investissement. En fait, plusieurs opérateurs industriels du secteur privé n’ont simplement pas procédé au renouvellement de leurs matériels d’exploitation, tout en maintenant leur production. La raison est qu’ils ont d’autres priorités à court terme, à savoir la sortie de crise et le financement urgent du BFR.
Toutefois, l’analyse ne saurait se limiter à la seule crise. La sinistralité qui reste toujours élevée au Maroc, est à l’origine du rationnement pratiqué par les banques sur ce segment. Il est à noter que les taux appliqués par les banques sur les prêts à l’équipement ont augmenté de 13 pbs en 2021 au moment où le taux débiteur global a baissé de 14 pbs.
Depuis le début de l’année, les créances en souffrance des entreprises non financières privées ont augmenté de 647 MDH en volume. Depuis mars 2021, le portefeuille sinistré des entreprises sur ce segment a augmenté de 7,8%, avec un encours avoisinant les 48 milliards de DH.
En revanche, les crédits à la trésorerie qui permettent de compenser les besoins pressants à court terme des entreprises, affichent, eux, une hausse de plus de 7,8% sur la même période, indiquant là aussi que les entreprises sont plus préoccupées par le comblement de leurs besoins en fonds de roulement que par des investissements à long terme.
Ainsi, pour plusieurs observateurs, il faut attendre la fin du premier semestre 2022 pour retrouver un niveau proche d’avant crise pour les crédits à l’équipement.
Le cash en circulation dope la masse monétaire
Le rythme de croissance annuelle de l'agrégat monétaire M3, qui représente la masse monétaire, s'est accru de 6,3% en mars 2022 après 5,4% un mois auparavant, toujours selon la Banque centrale.
Cette évolution recouvre une accélération de 6,6% à 8,2% de la circulation fiduciaire dont l’encours dépasse les 324 milliards de DH et de 6,6% à 8,3% des dépôts à vue auprès des banques, parallèlement à un repli des comptes à terme de 2,5% après 0,7% un mois auparavant.