Jeudi 25 Mai 2023

Le venture capital fait passer un nouveau palier au Capital-Investissement marocain

Venture Capital

Le marché du capital-investissement a connu une année 2022 dynamique malgré le contexte avec même quelques records à inscrire au tableau des médailles de cette industrie financière.

          "Globalement, nous avons connu un bon cru 2022", se félicite Hatim Ben Ahmed, président de l'AMIC, à l'occasion de la présentation du bilan annuel de l'activité à la presse jeudi. Et il faut dire que ce n'était pas gagné d'avance. Les sociétés de gestion dépendent beaucoup des investisseurs étrangers, notamment les organismes financiers internationaux qui représentent 54% des montants levés et qui ont été confrontés cette année au durcissement des conditions financières. 

Malgré cela, la dynamique des levées ne s'est pas cassée. Les capitaux levés enregistrent un montant de 1,1 Mds, portant à 8,1 Mds les levées de fonds totales sur la période de 2017 – 2022 soit plus du double des fonds levés sur la période 2012 – 2016.

Des records synonymes de bonne santé

L'un des principaux marqueurs de santé du capital-investissement dans un pays ou une région, est sa liquidité. La capacité des équipes de gestion des fonds à identifier des cibles et en sortir. Et sur ce volet, 2022 a connu quelques records. D'abord en matière d'investissements avec 45 actes enregistrés. Une première dans l'histoire selon Farid Benlafdil, membre du Conseil d'administration de l'AMIC. Ces investissements représentent 914 MDH et leur nombre est porté essentiellement par le Venture capital (Capital-risque et amorçage) qui profite de l'air frais apporté par le fonds Innov Invest de Tamwilcom. "Les investissements en Capital Amorçage et Risque représentent 35 % des investissements réalisés en nombre et 8 % en valeur. Leurs parts sont passées de 26 % sur la période 2006 – 2011 à 55 % sur la période 2017 – 2022 (en nombre)", explique Omar Benchekroun, consultant Senior chez Fidaroc Grant Thornton, cabinet qui réalise cette étude annuelle pour l'AMIC.

"On constate une augmentation du nombre de transactions de moins de 20 Mds entre la 3ème et la 4ème génération de fonds, grâce aux nouveaux fonds dédiés au financement de l’innovation et des startups en phase d’amorçage et de démarrage d’activité", renchérit-il.  

A noter que la taille des fonds a permis de doubler, sur deux générations, les tickets moyens d’investissements pour le développement et la transmission passant de 55 Mdh (2012 – 2016) à 97 Mdh (2017 – 2022). Le ticket moyen pour les entreprises en phase d’amorçage/risque est d’environ 7 Mds sur la période 2017 – 2022.

Ce qui va changer avec le fonds Mohammed VI

Si l'initiative publique Innov Invest, portée par Tamwilcom a permis de propulser le venture capital, le fonds Mohammed VI pour l'investissement devrait avoir le même effet sur le private-Equity. Selon les membres de l'AMIC, le fonds Mohammed VI attend des propositions de secteurs à visé de la part des sociétés de gestion dans le cadre de l'appel à mansifestation d'intérêt qu'il a lancé. En revanche, le fonds attend des SDG qu'elles soient capables d'attirer des investisseurs étrangers. Le fonds dispose de 15 Mds de dirhams de capitaux en provenance du budget de l'Etat et demande aux capital-investisseurs de porter la force de frappe à 45 à Mds de dirhams. "Il y aura une pré-sélection sur la base des réalisations de SDG puis une sélection sur la base de leur capacité à drainer des fonds du privé ou du secteur public étranger", nous dit-on auprès de l'Association. "La plupart des sociétés de gestion vont jouer le jeu et proposer des stratégies au fonds", prévoit Hatim Ben Ahmed.


Une année record pour les désinvestissement
Record du nombre d'entreprises accompagnées. Mais également année record en matière de sortie. 2022 a connu 1,4 md de désinvestissements. Du jamais vu, avec notamment deux IPO en plus de 12 autres sorties hors-Bourse. Ceci porte à 150, le cumul des actes de désinvestissement dans le secteur depuis 20 ans. Les sorties sur le marché secondaire représentent 33 % des montants désinvestis, suivies des sorties auprès des industriels qui représentent 27 %, puis des sorties boursières qui représentent 21 %. Ces sorties secondaires ne se font pas seulement auprès des fonds marocains mais aussi des fonds étrangers qui affichent un intérêt croissant pour l’investissement dans ce marché au Maroc.



Un TRI brut moyen à 11%

Le TRI brut moyen calculé sur la base de 101 cessions effectives est de 11 % sur la période allant de 2000 à 2022.  Le multiple global du secteur est de 1,9 (1,4 pour l’amorçage/risque – 2,1 pour le développement et 1,8 pour la transmission). Selon les professionnels, il faut corriger de 3 ou 4 points de base le TRI brut pour retrouver les TRI nets dégagés par les sociétés de gestion, ce qui demeure un bon rendement. Meme dans un contexte de hausse des taux. Pour le président de l'AMIC, ces multiples, identiques à ceux réalisés dans le capital-développement en Europe montrent que les équipes de gestion ont amélioré leurs courbes d'apprentissage et que le marché n'est pas loin de la maturité.


Reste à convaincre maintenant les institutionnels locaux de revenir sur ce marché qu'ils ont soutenu au démarrage avant de s'en détourner après quelques mauvaises expériences. Sans doute que le fonds Mohammed Vi devrait être le "game changer" de l'industrie. Un peu comme Innov Invest, une autre initiative de l'Etat, l'a été pour le venture Capital.

 

A.H

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