Le private equity marocain continue de grandir. Et malgré les freins historiques auxquels sont confrontés les acteurs du secteur, notamment en matière de fiscalité et de difficultés de sortie, et en plus des conséquences de la crise sanitaire, les sociétés de gestion ont pu mobiliser 1,35 Md de dirhams en 2020. "C'est la troisième meilleure année de la décennie", s'est félicité Tarik Haddi, président de l'AMIC, association qui regroupe les acteurs du secteur, à l'occasion d'une conférence de presse ce 7 avril.
20 sociétés (dont 2 réinvestissements) ont pu profiter de 804 MDH d'investissements l'année dernière avec un poids de plus en plus élevé des petits tickets, confirmant une tendance sous-jacente en place depuis la mise en place de l'initiative Innov Invest par la CCG. Ainsi, un quart des 20 investissements réalisés par les membres de l'AMIC en 2020 sont en amorçage, soit 11 tickets inférieurs à 10 MDH.
Les membres de l'AMIC se félicitent également de la résilience des entreprises accompagnées qui ont vu leur chiffre d'affaires moyen baisser de 20% l'an dernier contre une moyenne nationale de 32%.
Des sorties toujours difficiles à réaliser
L'un des principaux maux structurels auxquels sont confrontées les sociétés de gestion du secteur réside dans la difficulté de sortir de leur position. La voie royale, celle de l'introduction en Bourse, reste compliquée pour plusieurs raisons. La première réside dans la taille des tickets, pas suffisamment élevée pour constituer un tour de table institutionnel ni pour intéresser les banques d'affaires dont les commissions sont relativement élevées, ce qui décourage les entrepreneurs.
Tarik Haddi et les membres de l'AMIC espèrent d'ailleurs la mise en place d'une assistance technique au profit de ces entreprises pour faciliter les IPO. La Bourse de Casablanca et l'AMMC ont mis en place un cadre favorable pour faciliter ces opérations avec un marché dédié aux PME, avec des règles plus souples et un fast track pour les entreprises Elite auprès de l'AMMC. Mais l'effet taille continue vraisemblement de limiter l'intérêt de ces entreprises aux yeux des banques et des investisseurs potentiels. En 2020, 10 actes de désinvestissement ont tout de même été réalisés pour un montant de 220 MDH principalement sur le marché secondaire où les participations des fonds sont reprises par des acteurs industriels ou le management des entreprises investies.
Les institutionnels boudent toujours
A fin 2020, les sorties affichent un TRI brut moyen de 13%, ce qui représente un net pour les investisseurs compris entre 8 et 9%. Ceci pour des durées d'investissement moyennes de 6,3 ans. Autant dire que cette classe d'actifs affiche des rendements qui défient toute concurrence sur le marché des capitaux. Pourtant, les institutionnels ne se bousculent pas pour implémenter ce type d'investissements. Outre les mésaventures du passé que certains n'ont toujours pas digéré, les règles prudentielles et la taille des tickets sont là aussi des obstacles. Pour l'AMIC, qui compte rencontrer les assureurs et les caisses de retraite pour mettre à plat ces freins, les sociétés de gestion doivent également renforcer la recherche de cibles crédibles à fort potentiel pour séduire encore plus les bailleurs de fonds. Et sur ce point, ils ont de quoi faire puisque le secteur dispose actuellement de 3,2 Mds de dirhams disponibles pour financer de nouvelles participations.