Dans un article publié le 2 juillet sur son site web, le quotidien français Les Echos revient sur la libéralisation graduelle de la devise marocaine. Pour le quotidien, davantage de fluctuations en fonction de l'offre et de la demande signifie la fin du régime de change fixe adopté dans les années 1970. De quoi permettre à la valeur de la devise de refléter les fondamentaux du pays et non ses décisions politiques. Et attirer les investisseurs étrangers pour financer sa croissance - attendue à 4 % en 2017 et 2018 - et ses ambitions à l'international.
Un peu plus loin dans l'article, le quotidien annonce l'objectif de la réforme : L'objectif ? « Fournir des gages aux investisseurs étrangers, surtout chinois, que la monnaie ne sera pas surévaluée à l'avenir, ce qui nuirait à la compétitivité des prix des industries du pays », note Sandy Campart, spécialiste du Maroc et directeur de l'IUP Banque Finance à l'université de Caen. La Chine où les salaires horaires sont supérieurs, mise sur le Maroc comme base arrière pour exporter vers l'Europe, selon le quotidien.
Un peu réducteur
Bien que le Maroc soit effectivement de plus en plus utilisé par la Chine comme base arrière aussi bien pour ses exportations vers l'Europe que pour le reste du continent africain, il serait tout de même réducteur de limiter cette réforme au seul besoin de satisfaire la Chine. Cela serait même faux. Cette réforme n'est que l'aboutissement d'un long et parfois pénible processus de libéralisation de l'économie marocaine. Cela a démarré en 2006 où les premières réflexions sur le projet de réforme du régime de change ont commencé, époque où les investissements chinois au Maroc étaient très faibles. Cette réflexion avait démarré bien avant que le Maroc n’ait obtenu l’accord pour la Ligne de précaution et de liquidité. Il fallait donner de la visibilité et accompagner Casa Finance City et les différents accords de libre-échange signés par le Maroc.
Entre 2010 et 2015, en pleine crise financière, les autorités marocaines se sont rendu compte que les transferts des MRE ne sont pas soutenables à l'infini et que les chocs exogènes, comme la flambée des cours du pétrole peuvent mettre les finances de l'Etat à genou. C'est alors que la vraie phase d'analyse et de benchmarking a démarré pour véritablement préparer la réforme. Les autorités ne s'en cachent pas, la libéralisation (de la devise et des prix des hydrocarbures par exemple) a pour objectif d'éduquer la population à rationaliser sa consommation. Ce que souhaitaient les autorités à l'époque et c'est toujours le cas, c'est que le citoyen utilise moins sa voiture quand le prix des hydrocarbures est élevé, qu'il privilégie les transports en commun etc... Une réforme, comme beaucoup d'autres à deux vitesses, puisqu'en matière de transports en commun, force est de constater que tout reste à faire. Cette grande phase d'études a duré 5 ans jusqu'en 2010, et ce n'est qu'à partir de 2016 que la mise en oeuvre a été enclenchée. Le chef du gouvernement l'a d'ailleurs rappelé lors de sa dernière sortie médiatique samedi 1er juillet. Ce dernier a, rappelons-le, montré une certaine hésitation quant à la réforme, indiquant que rien ne presse.