Mercredi 06 Aout 2025

Portrait-robot de l’emprunteur marocain: Qui s’endette, combien et à quel coût ?

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Le rapport sur la stabilité financière 2024 dresse un portrait détaillé de l’emprunteur marocain à travers une analyse de près de 440.000 dossiers de crédit. Au-delà des profils socioprofessionnels, cette radiographie interroge surtout le coût de l’endettement, à la fois en proportion du revenu disponible et en termes de pression financière sur certaines catégories de ménages.

En 2024, le taux d’endettement moyen des particuliers marocains s’est établi à 34%, en léger recul par rapport aux 35% en 2023, mais toujours au-dessus de la moyenne historique de 31%. Cela signifie qu’en moyenne, un tiers du revenu mensuel net des emprunteurs est absorbé par le remboursement de crédits.

Si cette moyenne semble raisonnable à première vue, elle masque une hétérogénéité importante, notamment en ce qui concerne les niveaux de revenu, les âges et les professions. Et c’est là que le «coût» réel de l’endettement prend tout son sens.

L’analyse du taux d’endettement montre que plus le revenu est faible, plus la contrainte de remboursement est lourde. Les emprunteurs gagnant :

- Moins de 4 000 dirhams/mois supportent un taux d’endettement moyen de 35%,

- Entre 4 000 et 6 000 dirhams : 37%,

- Entre 6 000 et 10 000 dirhams : 35%,

- Alors que ceux au-dessus de 10 000 dirhams limitent leur charge à 31%.

Autrement dit, les ménages modestes s’endettent à un coût plus élevé en pourcentage de leur revenu, ce qui peut réduire leur capacité à faire face à des dépenses imprévues ou à épargner.

 

Près d’un tiers des emprunteurs franchit le seuil critique des 40%

Le rapport met aussi en évidence une catégorie spécifique d’emprunteurs dont la charge de dette dépasse 40% des revenus. Ils représentent 32% des dossiers en 2024, en légère baisse par rapport à 2023 (35%), mais bien au-dessus de la moyenne 2015-2022 (27%). Ces ménages consacrent donc presque la moitié de leur revenu net ou plus au remboursement de crédits, ce qui constitue une zone de fragilité financière.

Parmi eux :

- 38% ont un endettement entre 40 et 50% du revenu,

- 24% entre 50 et 60%,

- 15% entre 60 et 70%,

- et 23% au-delà de 70%, ce qui est généralement considéré comme un niveau de surendettement critique.
 

Fonctionnaires, seniors et faibles revenus : les plus exposés

Les fonctionnaires sont les plus représentés parmi les emprunteurs fortement endettés, avec un taux moyen de 62% dans cette population, contre 59% pour les retraités, 58% pour les professions libérales, et 55% pour les salariés.

Les ménages à faibles revenus (moins de 4 000 dirhams) atteignent un taux d’endettement moyen de 63% lorsqu’ils dépassent le seuil des 40%, contre 57% à 59% pour les autres tranches de revenus. Cela signifie que ces ménages remboursent en moyenne les deux tiers de leur revenu chaque mois, un coût particulièrement lourd, voire insoutenable en cas de hausse des taux ou de baisse du revenu.

En termes d’âge, les plus de 50 ans sont les plus contraints, avec un endettement moyen de 61%, tandis que les moins de 30 ans, moins nombreux à emprunter, limitent leur charge à 55% en moyenne.

Le coût de l’endettement pour les ménages marocains ne se mesure pas uniquement en pourcentage, mais aussi en capacité résiduelle : que reste-t-il une fois les mensualités payées ? Pour une part croissante d'emprunteurs, notamment les classes moyennes inférieures, les fonctionnaires et les retraités, la marge de manœuvre budgétaire se réduit dangereusement.

À noter que malgré la baisse du taux moyen global, 41% des montants empruntés en 2024 l’ont été par des ménages dépassant le seuil de 40 %, ce qui concentre les risques de défaut sur un segment restreint mais exposé.

Le profil type de l’emprunteur marocain en 2024 est celui d’un fonctionnaire ou salarié âgé de 30 à 40 ans, disposant d’un revenu supérieur à 10 000 dirhams, et affichant un taux d’endettement de l’ordre de 31 à 34%. Pour ce groupe, le coût de l’endettement reste contenu.

En revanche, pour près d’un tiers des emprunteurs, le coût est lourd voire alarmant : jusqu’à 70% du revenu absorbé par le service de la dette. Ce niveau d’exposition rappelle l’importance d’un encadrement rigoureux du crédit à la consommation et d’une meilleure éducation financière pour éviter l’aggravation des situations de surendettement.

 

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